Le jury du troisième Concours international de chant de Paris (répondant au doux nom de Paris Opera Competition, le POC) a voté et bien voté. Il a couronné les trois chanteurs qui se détachaient nettement du lot. Premier Prix à Omo Bello, impeccable dans Capuleti, idéale dans Manon. Deuxième Prix au baryton coréen Johan Choi, d’une pâte, d’un métal, d’une musicalité remarquables (plus dans « Nemico della Patria » que dans « Vision fugitive »). Troisième Prix à la mezzo russe Maria Kataeva, élégantissime vocalement (La Favorite, Orphée de Gluck) et d’une délicate arrogance dans le port. Omo Bello remporte aussi le prix du public côté femme, Johan Choi côté hommes (décerné par SMS !).
La sélection réalisée par Xavier Le Maréchal, directeur artistique du concours s’est révélée très pertinente. Le concours était de très bon niveau, avec des vocalités, des âges et des origines variées (trois Africains : formidable !). On s’étonne toutefois de certains choix d’airs qui ne mettaient pas en valeur toutes les qualités de certains chanteurs, exposant même leurs défauts – ainsi la mort de Posa par le très bon baryton américain Jamez Mc Corkle, « Ah mes amis » interprété par un Makudupanyane Senaoana (22 ans, Sud-africain) très intéressant mais au contre-ut sans volume ni brillant (dommage dans cet air !) ou une Dusica Bijelic égarée dans Pagliacci alors que Pamina ou Micaela auraient mieux convenu à son tempérament. Interrogée par Olivier Bellamy (présentateur drolatique et lunaire de cette soirée), Isabel Garcisanz, « consultante » apparemment chargée de veiller à cet aspect des choses, a déclaré qu’elle avait pour règle de laisser les chanteurs choisir leurs airs. Dans ce cas, pourquoi une « consultante » – surtout face à ces erreurs manifestes ?
En trois éditions, Pierre Vernes, fondateur et animateur du concours, a établi avec ses équipes une vraie référence en la matière : grâces soient rendues à sa générosité et à sa passion. [Sylvain Fort]