Firmin Bernicat, aussi drôle qu’Offenbach

Pourquoi Offenbach seul a-t-il réussi à passer l’épreuve du purgatoire, et connaît-il un tel succès à travers le monde ? Même Hervé – le compositeur toqué – n’a pas eu cette chance, et beaucoup d’autres sont totalement oubliés. C’est le cas de Firmin Bernicat, qui vécut trop peu de temps et dont le délicieux François les bas bleus (terminé par Messager) n’est plus guère joué. Heureusement, la compagnie d’amateurs Les Délassements lyriques nous a offert l’occasion de voir une autre de ses opérettes, celle-ci en un acte : Le Cornette, créée en 1877 (il s’agit d’un porte étendard des armées de l’ancien régime). Quatre personnages bien plantés, pour ne pas dire caricaturés, jouent avec les mots et les airs entraînant, ni plus ni moins que chez Offenbach. Eux aussi trinquent à l’unisson sur une mélodie irrésistible : « À la santé de Margot, levons nos verres bien hauts », pour arriver aux conclusions « un frère de lait, c’est une vraie crème », et « pour être heureux en ménage, il ne faut ni cornette ni corne » ! Au même programme, Le Barbier de Trouville, opéra-bouffe en un acte de Charles Lecocq (1871), qui lui aussi est largement digne du confrère Offenbach, notamment dans les jeux musicaux d’onomatopées « bim bim bim zimbaboum ». Ce sont des centaines d’œuvrettes en un acte qui dorment ainsi dans les tiroirs et qui mériteraient d’être à leur tour redécouvertes. Rendons grâce à tous ceux qui exhument ces trésors pour le plaisir de tous.