En ce moment ont lieu à Bruxelles les épreuves du fameux concours Reine Elisabeth (CMIREB). C’est le moment qu’a choisi Le Soir pour confier au journaliste et écrivain Nicolas Crousse un article intitulé : « Cette grande musique qui intimide et qui complexe ». Il y examine les codes et clichés que traîne derrière elle la musique classique, et qui dissuadent les non-initiés de s’y confronter.
Un encadré vitriolise tout particulièrement ledit concours, institution pourtant intouchable chez nos amis Belges. Il y stigmatise « la rencontre malheureuse du conservatisme et du bling-bling », moquant les candidats jugés sur leur seule performance technique voire sportive, la mondanité surannée, l’élitisme assumé. L’exercice ne manque pas de drôlerie, et l’irrévérence complète à l’égard de la famille royale (« la révérence collective à la famille royale ramène à un autre siècle ») a de quoi réjouir les instincts républicains des plus franchouillards d’entre nous.
Mais enfin, ne peut-on trouver le trait un peu aisé ? A quoi s’attendre d’autre dans un concours aussi vénérable qu’à un exercice normé, faisant triompher les codes les plus reçus, et destiné finalement à sélectionner des artistes capables des plus hauts exploits techniques et cependant doués de sensibilité musicale ? Il y a quelque facilité à pénétrer dans le sanctum sanctorum des concours internationaux pour en tourner en dérision le décorum et les traditions : c’en est précisément le symbole. Déjeuner en jeans troué chez la Reine d’Angleterre (ou de Belgique) n’est ni anticonformiste ni moderne, c’est juste grossier. C’est précisément le caractère intemporel et cérémoniel du CMIREB qui nous le fait chérir. Longue vie au CMIREB et ne changez rien !