Harry Lawrence Freeman, le « Wagner de couleur »

Depuis la resurrection de Treemonisha, de Scott Joplin, on sait que Porgy and Bess est tout sauf le premier opéra noir américain. Au début du XXe siècle, les Etats-Unis comptaient plusieurs ambitieux compositeurs noirs qui n’hésitèrent pas à se lancer dans le genre lyrique.  Après avoir vu Tannhäuser à Cleveland à 18 ans, Harry Lawrence Freeman (1869-1954) s’installa à New York, où il allait devenir un des éminents représentants de la Harlem Renaissance. Ami de Joplin, qu’il aida à préparer Treemonisha, il est l’auteur d’une vingtaine d’opéras et opérettes composés entre 1891 et 1944, souvent sur des livrets dont il était l’auteur, ou inspirés des romans d’aventures de Charles Rider Haggard. Son opéra Voodoo, commencé avant 1914, connut une création radiophonique en mai 1928, puis scénique à Broadway la même année. Lolo, l’héroïne, a recours à la magie vaudou pour se vanger de Mando qui la délaisse pour Cleota. Et pour la première fois depuis 1928, l’œuvre vient d’être redonnée les 26 et 27 juin, au Miller Theater de Columbia University. Sans avoir forcément de quoi s’imposer au répertoire, Voodoo n’en est pas moins un opéra important dans l’histoire des compositeurs afro-américains, où beaucoup reste encore à découvrir.