Forum Opéra

Bach Telemann sacred cantatas

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
16 janvier 2017
Quand Telemann éclipse Bach

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Bach (1681-1750)

Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust BWV 170

Telemann (1681-1767)

Die stille Nacht TWV 1: 364

(Der arm Ölberg zagende Jesus)

Bach

Ich gabe genug BWV 82

Telemann

Jesus liegt in letzten Zügen TWV 1: 983

(Der sterbende Jesus)

Philippe Jaroussky, contre-ténor

Freiburger Barockorchester

Ann-Kathrin Brüggemann, hautbois

Juan de la Rubia, orgue

Petra Müllejans, violon et direction

Enregistré à l’Ensemblehaus Freiburg, 12-19 décembre 2015

1 CD ERATO 0190295925338 – 75’57

Depuis Alfred Deller, des générations de contre-ténors et non des moindres se sont succédé dans les cantates de Bach pour alto : Paul Esswood, James Bowman, René Jacobs, Andreas Scholl, Damien Guillon, etc. Philippe Jaroussky n’a guère fréquenté la musique du Cantor et semble assez démuni pour relever ce défi. A sa décharge, il faut admettre qu’il se retrouve bien seul, l’absence d’un véritable chef à la tête du Freiburger Barockorchester ne s’étant peut-être jamais fait aussi cruellement ressentir. Au-delà de partis pris techniques absurdes reléguant l’orchestre dans une nébuleuse sonore en surexposant la voix, nous sommes frappés dès l’aria liminaire de Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust (BWV 170) par la morne indolence de l’accompagnement qui, au fil de l’œuvre, trahit un manque flagrant de ligne directrice et de vision artistique.   

Bien que Philippe Jaroussky n’ait jamais été un alto, ni par la couleur de son timbre, ni par sa tessiture, celle de Ich habe genug (BWV 82), pourtant plus grave, se révèle moins problématique que nous l’appréhendions car le chanteur semble aujourd’hui mieux gérer les changements de registre,  parvenant ainsi à assumer les longues tenues de « Schlummert ein, ihr matten Augen », cette apaisante aria dans laquelle Gilles Cantagrel voit une berceuse mystique, alors que la substance, le souffle et la dynamique se dérobent dans la vigoureuse peinture des cœurs emplis de haine (« Wie jammern mich doch die verkehrten Herzen ») de la BWV 170. De manière générale, ce n’est pas seulement l’énergie des consonnes, mais celle de la déclamation qui, trop souvent, fait défaut dans ces pages exigeantes. En outre, quelques intentions justes (BWV 82), mais isolées, ne suffisent pas à structurer le discours ni encore moins à forger une interprétation. Nous en resterons aux versions autrement abouties d’Andreas Scholl ou de Damien Guillon, non sans guetter la sortie de l’enregistrement de Iestyn Davies qui doit paraître incessamment chez Hyperion (BWV 54, 82 & 170).

Prompts à se frotter à Bach, les contre-ténors sont, en revanche, nettement moins nombreux à s’intéresser à l’abondant corpus de cantates solistes de Telemann. Nous l’imaginions s’emparer, à la suite de René Jacobs et de Carlos Mena, de Ach, Herr, strafe mich nich, fresque somptueuse et aux épisodes vivement contrastés, mais Philippe Jaroussky a jeté son dévolu sur deux cantates de la Passion originellement écrites pour basse, pratiquant une transposition qui était monnaie courante à l’époque, précise Simon Heighes dans le texte de présentation. L’écriture plus mélodique, mais aussi plus théâtrale de Telemann convient manifestement mieux au musicien que celle de Bach. Die stille Nacht s’ouvre sur un accompagnato puissamment expressif auquel il imprime un élan irrésistible – avec cette fois le soutien d’instrumentistes pleinement concernés – avant de faire sienne l’affliction du Christ au mont des Oliviers. Jesus liegt in letzten Zügen retrace le parcours émotionnel du fidèle face à son martyre, de la compassion douloureuse au regain d’espoir à l’idée de la vie éternelle en passant par un attendrissement fusionnel où il brûle du désir de partager ses souffrances et de s’étendre à ses côtés, Philippe Jaroussky dispensant à nouveau cette lumière d’une ineffable douceur et renouant avec cette sensibilité frémissante qui nous fait, aujourd’hui, comme hier, chavirer.

      

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
71sr0rxj4fl._sl1379_

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Bach (1681-1750)

Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust BWV 170

Telemann (1681-1767)

Die stille Nacht TWV 1: 364

(Der arm Ölberg zagende Jesus)

Bach

Ich gabe genug BWV 82

Telemann

Jesus liegt in letzten Zügen TWV 1: 983

(Der sterbende Jesus)

Philippe Jaroussky, contre-ténor

Freiburger Barockorchester

Ann-Kathrin Brüggemann, hautbois

Juan de la Rubia, orgue

Petra Müllejans, violon et direction

Enregistré à l’Ensemblehaus Freiburg, 12-19 décembre 2015

1 CD ERATO 0190295925338 – 75’57

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD