Lors de la première des Puritains à New-York, vendredi dernier, 10 février, le blog La Cieca rapporte que Javier Camarena a été interpellé par un spectateur dans la salle pour ne pas avoir chanté le « tristement célèbre » (infamous) contre-fa du « Credeasi misera », note que déjà le ténor avait omise à Madrid en juillet dernier sans que le public espagnol ne manifeste le moindre mécontentement, ni durant l’air, ni au moment des saluts. Au contraire ! Au-delà de l’anecdote, l’histoire met en évidence la goujaterie de certains spectateurs qui, au mépris du respect que l’on doit à toute personne et aux artistes en particulier, se permettent des écarts de comportement inadmissibles, à l’opéra comme ailleurs.
Puis, l’importance que l’on accorde à une seule note n’est-elle pas exagérée au regard des milliers que comporte généralement une partition ? Outre le contre-fa d’Arturo, on pourrait citer le contre-ut (non écrit) de Manrico dans « Di quelle pira » (Il trovatore), le contre-mi bémol (également apocryphe) de Violetta dans « Sempre libera » (La traviata) ou le contre-ré bémol, celui-là expressément voulu par le compositeur, de Lady Macbeth à la fin de la scène du somnambulisme. Que l’on se souvienne de la volée de bois vert administrée à Violeta Urmana, incapable d’atteindre cette note aigue, lors des représentations parisiennes de l’opéra de Verdi en 2009. L’art lyrique est décidément cruel.