Véronique Gens chante décidément français

S’il n’y a pas d’art français, comme certains l’affirment actuellement, au moins existe-t-il un opéra français (et même un « grand opéra à la française »), genre complexe car protéiforme, dont l’interprétation repose sur une déclamation héritée de la tragédie classique. Peu nombreux sont les chanteurs capables d’en surmonter les multiples écueils, l’usage d’une langue dotée de voyelles muettes n’étant pas le moindre. Véronique Gens fait partie de cette espèce rare. Ses trois albumsTragédiennes consacrés aux héroïnes baroques, classiques et romantiques de l’opéra français l’ont démontré. Ses collaborations régulières avec le Palazzetto Bru Zane ainsi que ses fréquentes incursions dans le répertoire de la mélodie l’ont confirmé. Ce n’est donc pas un hasard si son prochain récital discographique, chez Alpha, comprend des extraits d’ouvrages composés par David, Godard, Saint-Saëns ou encore Halévy, l’idée étant de parcourir les genres en vogue à l’époque romantique en France : l’opéra (Saint-Saëns, Halévy, Godard, Février), l’opéra-comique (David), l’oratorio (Franck,  Massenet) et même la cantate du Prix de  Rome (Bizet, Bruneau). Un clin d’œil – d’actualité ce mois-ci – à Wagner avec Tannhäuser dans sa traduction française des années 1860 complète ce programme dirigé par Hervé Niquet. Date de sortie prévue en juin.