Le Victoria and Albert Museum de Londres propose jusqu’au 25 février une intéressante exposition retraçant l’histoire de l’opéra autour de huit destinations européennes. Grâce à un matériel audio individuel, les visiteurs bénéficient de l’ambiance musicale adaptée à chacune des salles et de quelques rares commentaires du chef britannique Antonio Pappano. La première salle est consacrée à Venise, avec l’Incoronazione di Poppea de Claudio Monteverdi en fond sonore. Le matériel exposé est très hétéroclite : des objets des arts de la table, des tableaux (Les joueurs de cartes et diseuse de bonne aventure, de Nicolas Regnier réalisé en 1620), un costume des Fêtes vénitiennes de Campra dans la production de Robert Carsen donnée à l’Opéra-comique, des partitions manuscrites… La deuxième salle est consacrée à Londres et à Haendel avec, entre autres, une maquette à grande échelle reproduisant les effets scéniques de l’époque (ceux qui eurent la chance de voir la production des Indes galantes de Pier-Luigi Pizzi au Châtelet verront leurs souvenirs ravivés). On remarquera également un splendide médaillon avec le portrait de Farinelli. La musique est tirée de Rinaldo. Vienne est attachée au Nozze di Figaro. On y trouve le portait inachevé de Mozart par Joseph Lange ou encore une esquisse manuscrite de l’air de Cherubino « Non so piu cosa son ». Milan est évoqué par Verdi et son Nabucco. Parmi les pièces les plus intéressantes, un portait du compositeur et de sa maîtresse et créatrice du rôle d’Abigaille, Giuseppina Strepponi. Perfide Albion oblige, Paris n’a droit qu’à la création de … Tannhauser avec notamment un très intéressant kaléïdoscope d’extraits vidéo de productions contemporaines (mais rien ne semble vieillir aussi vite que la modernité récente…). Un très beau tableau d’Eva Gonzalés dépeint une loge… au Théâtre des Italiens. L’opéra français est tout de même représenté avec le célèbre Ballet de Robert Le Diable d’Edgar Degas. Quelques pièces viennent de la bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris : il est triste de se dire qu’elles sont plus faciles à voir à Londres qu’à Paris, notre institution largement subventionnée ne semblant pas intéressée par la mise en valeur des richesses de notre patrimoine. Avec Salomé et Dresde, nous faisons un saut dans le temps. Le matériel propose des regards croisés sur le mythe : extraits du film de Charles Bryant, avec Alla Nazimova, ouvrage illustré d’Oscar Wilde, version allemande annotée de la main de Richard Strauss… Avec Lady Macbeth de Mtsenk et Leningrad, nous entrons dans les années les plus noires de la dictature communiste : affiches de propagande et films montrant la réalité de l’époque côtoient les maquettes de la création de l’ouvrage. Ces huit salles parcourues, le visiteur finira par un panorama de l’opéra contemporain, un peu anglo-américano centré, au travers d’extraits de Peter Grimes , des Dialogues des Carmélites, Written on skin, Einstein on the beach, Death of Klinghoffer, Mittwoch aus licht ou Porgy and Bess. L’entrée de l’exposition est payante (19 £ sans réduction, sur réservation) mais la visite des splendides collections permanentes est gratuite.