Deuxième maison d’opéra de la Région Rhônes-Alpes, dotée de ses propres ateliers de décors et de costumes, ce qui s’appelle depuis 2015 l’Opéra de Saint-Etienne fêtera en 2019 son cinquantenaire. Si tout va bien, car dans la ville natale de Massenet, les institutions consacrées à l’art lyrique ont toujours eu une histoire pleine de rebondissements. Touchons du bois, et espérons que le bâtiment pourra souffler sans problème ses cinquante bougies…
Histoire : C’est seulement en 1810 qu’apparaît le premier théâtre permanent dans la ville ouvrière de Saint-Etienne. Le bâtiment, trop petit et insalubre, ferme en 1853. Lui succèdent deux édificies : le Casino Lyrique, voué aux concerts populaires, et surtout le Théâtre municipal, place des Ursules, rebaptisé Théâtre Massenet en 1913. Hélas, un incendie éclate dans la nuit du 17 février 1928. La saison stéphanoise d’opéra se rabat alors vers l’Eden Théâtre, café-concert construit en 1882. Il faut attendre les années 1960 pour que soit décidée la construction d’un nouvel édifice. En 1959, André Malraux a lancé l’idée des Maisons de la culture, censées animer les villes de province ; Saint-Etienne est l’une des premières à se doter de cet équipement. En 1969 est inaugurée la Maison de la culture et des loisirs, qui abritait non seulement deux salles de spectacle – le Grand Théâtre (1210 plaes) et le théâtre Copeau (317 places) – mais aussi une bibliothèque et une galerie d’exposition. En août 1976, un court-circuit déclenche un incendie qui anéantit le Théâtre Copeau. Un autre incendie détruit en 1986 une partie de l’entrepôt des décors. Le 13 septembre 1998, c’est cette fois un incendie criminel qui ravage le bâtiment. En 1999, un théâtre éphémère accueille des représentations sur le site de la Foire-Exposition. Heureusement, la Maison de la Culture devenue « L’Esplanade » en 1994 rouvre ses portes dès février 2001, la salle principale ayant été rebaptisée Grand Théâtre Massenet.
Adresse : Jardin des Plantes – 42013 Saint-Etienne, « à égale distance de la banlieue et du centre historique »
Statut : Régie municipale
Site Web : www.opera.saint-etienne.fr/otse/
Année de construction : 1967-69 pour le bâtiment, 1998-2001 pour la salle
Architecte : conception initiale : Alfred Ferraz, Lucien Seignol (originaires de Saint-Etienne), H. et Y. Gouyon, J.-P. Clément. Réhabilitation après l’incendie de 1998 par Jean Perrotet et Valentin Fabre, auxquels on doit notamment la restructuration des Théâtre de la Ville et Théâtre de Chaillot, à Paris
Style architectural : Si Le Corbusier est la principale inspiration des concepteurs du bâtiment, Fabre et Perrotet en ont respecté le béton brut et y ont rajouté une verrière faisant hall d’entrée. La silhouette générale rappelle hélas celle des fameux collège et lycées « Pailleron » qui ont proliféré en France dans les années 1960.
Répertoire de prédilection : L’Opéra de Saint-Etienne privilégie le grand répertoire, Wagner inclus, et va jusqu’à la création contemporaine (Fando et Lis de Benoît Menut, d’après Arrabal, en mai 2018). Le baroque semble néanmoins plus rare, voire complètement absent.
Activités pédagogiques
- Plusieurs formations sont proposées à l’intention des enseignants pour sensibiliser leurs élèves à l’art lyrique. Il est notamment possible de rencontrer les équipes artistiques et de découvrir l’envers du décor en suivant l’élaboration d’une production ; une mallette pédagogique met l’accent sur le rôle des différents corps de métier, et l’espace « ressources pédagogiques » du site internet de l’Opéra propose de nombreux dossiers et documents pour préparer les enfants au spectacle.
Activités culturelles
- L’Opéra a régulièrement été associé à l’université de Saint-Etienne pour l’organisation de colloques musicologiques, notamment autour de Massenet, l’enfant du pays : « Présence du XVIIIe siècle dans l’opéra français du XIXe siècle d’Adam à Massenet » (2009), « Massenet aujourd’hui : héritage et postérité » (2012), « Provence et Languedoc à l’opéra en France au XIXe siècle : cultures et représentations » (2014), « Les comédies de Shakespeare à l’opéra » (2016).
Premier opéra représenté : Porgy and Bess le 5 février 1969. En 2001, le théâtre rouvre avec un concert de Barbara Hendricks en février, puis Hérodiade de Massenet en mars.
Quelques productions marquantes :
- En janvier 1988, recréation d’Amadis de Massenet, prélude à la première édition de la Biennale Massenet, qui ressuscitera plusieurs raretés, notamment Cléopâtre en novembre 1990, Esclarmonde (1992), Panurge (1994), Roma (2001), Sapho (2003), Ariane (2007).
Meilleures places : Aucune place sans visibilité dans ce théâtre moderne, même si l’on est toujours mieux placé lorsqu’on est au centre du parterre.
Acoustique : Repensée en 1998 par Rémi Raskin (Capri Acoustique), elle est « considérée aujourd’hui comme étant une des plus performantes de l’Hexagone grâce aux prismes sur les murs et les alvéoles du plafond »
Tarifs 2017-2018 :
- Pleins tarifs entre 10 et 56 euros.
- Plusieurs formules d’abonnement, en particulier :
- Abonnement Lyrique, sept spectacles au prix de six
- Abonnement Liberté, à partir de trois spectacles dont un seul opéra
- Abonnement Liberté scolaire, pour les – de 26 ans, deux spectacles (hors opéra) pour 30 euros
- Abonnement groupes scolaires et extrascolaires, 4,50 euros la place
- Sur tous les spectacles :
- 15 minutes avant la représentation, places à 5 euros pour les – de 26 ans, les chômeurs, les titulaires du RSA, les personnes non imposables, les personnes en situation de handicap, dans la limite des places disponibles
- Sur les places à l’unité, réductions allant de 10 à 30% pour diverses catégories de public
Vestiaire : Situé au même niveau que la billetterie.
Le bémol : La biennale Massenet semble actuellement au point mort, après un dernier soubresaut en 2012, année du centenaire de la mort du compositeur, où Le Mage fut recréé en version de concert.
Les dièses : C’est à Saint-Etienne qu’il faut aller pour entendre toute une génération de jeunes chanteurs français s’essayer aux grands rôles. Après un Lohengrin qui aurait dû être entièrement interprété par des artistes francophones, en juin dernier, on entendra cette saison à Saint-Etienne Karine Deshayes faire ses débuts dans le rôle-titre de Semiramide.
Accessibilité : L’Opéra de Saint-Etienne propose une réduction de 30% aux personnes en situation de handicap et leur accompagnateur (et de 50% sur l’abonnement de trois spectacles minimum). Depuis 2014, un service d’audiodescription est proposé aux malentendants pour au moins deux spectacles (une cinquantaine de personnes aveugles ou malvoyantes y assistent chaque saison)
Comment se rendre à Saint-Etienne sans voiture :
- Liaisons ferroviaires régulières Paris – Saint-Etienne Châteaucreux : quatre trains directs par jour (2h48), et beaucoup plus de possibilités avec changement à Lyon (3h11)
Transports conseillés sur place :
- Les lignes de bus 12, 13, M2, M6, et M7 desservent l’Opéra. Le dimanche, lors des représentations en matinée (15h), un service de bus spécial est proposé par l’Opéra.
Boutique : Ouverte les soirs de spectacle, elle propose des CD et des livres en relation avec la programmation de l’Opéra.
Où dîner a proximité ?
- L’ancienne brasserie de l’Opéra a provisoirement fermé, mais a été remplacée par un cafetier et un foodtruck qui assurent la restauration, les soirs de spectacle.
Où dormir à proximité ? Il est possible de faire dans la journée l’aller-retour Paris-Saint-Etienne en train pour assister à un spectacle le dimanche en matinée, mais cela signifie près de six heures de voyage. En cas de nuit sur place, l’hôtel Terminus, face à la gare, permet d’être bien placé pour reprendre un train de bonne heure le lendemain matin.
- Près de la gare : Hôtel Terminus du Forez (***), 31 avenue Denfert-Rochereau
- En centre ville : Villa Roassieux (« Bed and Breakfast de prestige »), 5 passage Jean-Baptiste Corot