La muflerie sur les réseaux sociaux ne connaît pas de limites. Une vidéo sur YouTube de « Vissi d’Arte » captée à Aix-en-Provence cet été a reçu le commentaire suivant : « Qu’est-il arrivé à Angel Blue ? Elle est devenue grosse ! ». A ce camouflet ignominieux, la soprano a opposé une réponse d’une dignité proportionnelle à la grossièreté de l’injure : « Je regrette qu’au lieu d’écouter l’aria elle-même, vous vous préoccupiez de mon apparence. J’ai pris du poids, absolument et je ne me sens vraiment pas honteuse de ces kilos supplémentaires. Je suis heureuse d’avoir l’occasion de voir ce commentaire. Je suis désolée que mon poids vous dérange, mais je me sens bien et je suis tellement reconnaissante d’avoir la santé avant tout. Qu’est-il arrivé à Angel Blue ? Elle est devenue une femme qui vit une meilleure vie 🙂 Que Dieu vous bénisse et vivez une meilleure vie, vous aussi. ». Il pourrait à cette occasion paraître opportun de rappeler la déclaration de Kiri Te Kanawa en 2013 – « il faut des kilos pour atteindre les notes les plus aigües » – mais nous avons depuis opposé à la question une réponse définitive : « Les titulaires fameux des grands rôles du répertoire ne se reconnaissent pas à leur embonpoint »*. Sur Twitter, Angel Blue enfonce le clou : « Depuis quand est-il acceptable de faire du surpoids une honte ? Le sujet devient de plus en plus courant dans le monde de l’opéra. Chers amis, ne laissez personne vous rabaisser pour votre corps ou votre voix. « Car s’il n’y a pas d’ennemi à l’intérieur, l’ennemi à l’extérieur ne peut pas nuire. » Proverbe africain ». Merci, Madame, de la leçon.
*Christophe Rizoud, 100 maux de l’Opéra (via Appia)