En 2002 Nigel Lowery avait agité le Festival de Montpellier grâce à un poussin géant poursuivant Rinaldo de ses assiduités. Les spectateurs occitans s’étaient indignés de l’incursion du gallus gallus domesticus dans un drame qui, a priori, ne le concernait pas directement. Le Festival Rossini de Pesaro s’ouvre cette année sur une bronca analogue vu qu’un nounours géant (et bleu) enquiquine la bonne société italienne au point de lui faire perdre son flegme. Elle est pourtant venue en nombre applaudir la nouvelle production de Semiramide, par Graham Vick. Est-ce le nounours – symbole freudien peut-être trop téléphoné de l’enfance assassinée – ou la longue scène de fétichisme du pied impliquant Assur et Semiramide ou les Brahmanes fesses nues qui ont valu au metteur en scène cette belle bronca ? Nul ne le sait. En revanche, le plateau tout à fait exceptionnel (peut-on en imaginer de meilleur, aujourd’hui ?) a dignement célébré le faste du dernier opéra séria de Rossini. Et dès le lendemain, une mise en scène moins contestable – et tout à fait jubilatoire – de Demetrio et Polibio, servie par un merveilleux quatuor de chanteurs, contribue à démontrer que Pesaro déchaine toujours les passions.
Nos correspondants reviendront individuellement sur ces spectacles dans les jours qui viennent.