Très richement doté (12 000 €, un accompagnement de carrière, une dizaine d’engagements par des orchestres réputés, voire prestigieux…), le 56e Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon, créé en 1951, s’est achevé ce 21 septembre. La création d’une œuvre d’Eric Tanguy – Constellations – commande du Festival, et le retoutable Tod und Verklärung, de Richard Strauss, sont propres à permettre à chaque finaliste de faire montre de toutes ses qualités auprès d’un jury enrichi de la présence de Serge Baudo.
Haoran Li, Victor Jacob, Nodoka Okisawa © YB – ForumOpera
Entre le bonheur de voir – enfin – une récompense attribuée à une femme et le sentiment que cette légitime reconnaissance peut avoir fait pencher la balance du côté de Nodoka Okisawa, la jeune Japonaise, on sort partagé, voire amer. Cette dernière, poids plume de la direction, a de l’autorité à revendre. Elle s’est montrée excellente dans l’oeuvre d’Eric Tanguy et remarquable dans Tod und Verklärung, particulièrement dans les derniers mouvements. Cependant, son principal concurrent, Haoran Li, aurait dû normalement l’emporter. Sa direction, claire, démonstrative et dépourvue de tout geste inutile, insuffle une formidable énergie, construit ses progressions, avec une attention constante à chacun. Même si la pièce d’Eric Tanguy paraissait plus achevée chez sa concurrente, Il aura été le seul à se libérer totalement de la partition dans le Strauss, conduisant l’orchestre de la poésie chambriste à l’incandescence, par le corps, le geste, le regard et le souffle, au point qu’on oubliait Mengelberg et ses glorieux prédécesseurs. Il a survolé les épreuves, réalisant l’excellence dans Beethoven, Prokofiev, Poulenc, Mozart et Strauss. Voilà la plus authentique des révélations de Besançon. Un nouveau Seiji Ozawa, premier des grands lauréats découverts par le Festival ?