A l’occasion de la sortie de son nouvel Album pour Sony, Otello, Jonas Kaufmann a répondu aux questions du Figaro. Il y explique entre autre toute la complexité psychologique du personnage, écueil suprême de ce rôle selon lui, et les raisons profondes qui le font basculer dans la folie.
C’est cette fragilité que le ténor allemand a essayé de faire transparaître dans son enregistrement, sans chercher de couleur particulière a priori dans sa voix, ce qui aurait été contreproductif. Bien au contraire, la recherche de la couleur adéquate ne peut se réaliser sans abandonner toute idée préconçue sur le personnage, vocalement et psychologiquement, mais en laissant passer la charge émotionnelle, sans pour autant perdre le contrôle de sa voix. « On ne compose pas un personnage avec ce qui nous manque mais au contraire avec ce que l’on est ». Cet équilibre s’avère particulièrement délicat à instaurer au disque du fait des conditions d’enregistrement respectant peu la chronologie de la partition, et n’est rendu possible que par des prises de rôle préalables sur scène face un public.
Scène, que malheureusement, Jonas Kaufmann n’a pu retrouver en mai dernier à Paris pour la Walkyrie pour cause de confinement. D’ailleurs, à part un Don Carlos et un autre concert à Vienne cet été, les autres projets demeurent pour l’instant bien nébuleux. Le ténor en profite pour rappeler à quel point la crise de la Covid a mis en lumière la fragilité de l’art lyrique, alors que ce dernier, à l’instar de toutes les autres formes d’art, sont aussi constitutifs de notre identité que certains sports…