Forum Opéra

Georg Nigl : Vanitas

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
30 novembre 2020
Essentielles vanités

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Franz Schubert

1. Im Freien, D. 880

2. Die Sommernacht, D. 289

3. Die Taubenpost, D.965A

4. Die Forelle, D. 550

5. Der Wanderer an den Mond, D. 870

6. Das Zügenglöcklein, D. 871

7. Abendstern, D. 806

8. Fischerweise, D. 881

Ludwig van Beethoven

9. An die ferne Geliebte, op 98

Wolfgang Rihm

10. Vermischter Traum, Gryphius-Stück für Bariton und Klavier, 2017 *

Franz Schubert

17. Der Winterabend, D. 938

18. Die Sterne, D. 939

19. An die Musik, D.547

20. Wandrers Nachtlied, D 768

Georg Nigl, baryton

Olga Pashchenko, pianoforte (copie de Graf, 1819), piano Steinway*

un CD Alpha 646, de 82’31, enregistré en février 2020 au Temple Manin, de Paris

Alexandre Jamar a rencontré le baryton autrichien à l’occasion de la sortie de cet enregistrement. Vanitas … vanitatum, omnia vanitas ? Il est tout sauf vain, soyons-en convaincus. Avec humilité, Georg Nigl élargit notre horizon pour ne pas perdre « l’espoir du renouveau et d’un savoir qui ne soit pas soumis au temps ». Le titre est relatif aux mélodies du Songe mêlé [Vermischter Traum] de Wolfgang Rihm, dont le chanteur nous narre la gestation : trois des poèmes de Gryphus (milieu du XVIIe S) adressés par lui au compositeur, confronté à une grave maladie, ont été mis en musique par ce dernier, et sont ici donnés pour la première fois. Douloureuse et apaisée méditation sur la vie et sa brièveté, sorte de rondo marqué par le retour de « Mein sind die Jahre … » [Les ans ne sont pas miens que le temps m’a repris], l’œuvre est forte, au langage musical contemporain, que nous connaissions déjà à travers l’opéra que chanta il y a peu Georg Nigl, Jakob Lenz. Douze Lieder de Schubert et An die ferne Geliebte, de Beethoven, encadrent cette émouvante découverte. Schubertien, n’en doutons pas : on se souvient encore avec émotion d’un bouleversant Winterreise donné en 2014 avec Andreas Steier.

Dès l’introduction enjouée de Im Freien (D. 880) l’attention est captivée. Le pianoforte, choisi à dessein pour Schubert et Beethoven, restitue à leurs œuvres leurs couleurs originelles, avec l’éclat et la fraîcheur d’un tableau sortant de restauration. D’autre part, comme l’explique le chanteur, la moindre puissance d’émission de l’instrument rétablit un équilibre idéal entre les deux partenaires, permettant à la voix d’utiliser la palette dynamique la plus large.

Georg Nigl prend son temps, en authentique conteur. Il peut ainsi ménager à loisir les progressions comme les contrastes, ainsi dans Der Winterabend (deux minutes de plus que Dietrich Fischer-Dieskau ou Elly Ameling). C’est également flagrant dès le début de An die ferne Geliebte. La voix sait se faire caressante comme véhémente, dépourvue d’afféterie, d’une touchante simplicité, l’émission, lumineuse, est égale dans tous les registres, d’un large ambitus. Le naturel, la fraîcheur – certainement fruits d’un travail constant – associés à un sens du phrasé partagé également par le chanteur et Olga Pashchenko sont tels que, bien que familier de ces œuvres, nous les écoutons avec une oreille neuve. Tout séduit, tout transporte et émeut, de Im Freien, déjà cité, au deuxième Wandrers Nachtlied, méditation qui rejoint le message de Wolfgang Rihm. Tout nous comble : le rare Die Sommernacht (D.289), Fischerweise, die Forelle, enjoué, au caractère insouciant, vif et dansant, Das Zügenglöcklein, dont les strophes renouvelées sont autant de joies, le bonheur simple de Die Sterne (D.939), sans oublier le miraculeux An die Musik. Jamais je ne crois avoir écouté une interprétation de An die ferne Geliebte aussi juste, retenue, intense comme fébrile. Rien que pour ces Lieder, il faut écouter ces magiciens.

Avec Wolfgang Rihm, on saute deux siècles.  Son écriture lyrique a fait l’objet d’une étude de Viviane Waschbüsch dans l’Avant-Scène Opéra consacré à Jakob Lenz, que l’on relira avec profit. Si le langage vocal s’inscrit dans l’héritage, malgré son écriture contemporaine (la Nouvelle simplicité),  c’est l’instrument qui accuse surtout la différence : un Steinway a remplacé le Conrad Graf. L’émotion serait là, même si le sens du texte nous était inconnu. Le jeu subtil qu’illustrent les interprètes retient l’attention et génère une sensation indicible.

La riche plaquette, trilingue, offre à l’auditeur tout ce qu’il peut en attendre. En 65 pages, le programme, les intentions des interprètes, les textes, tout est là. Soulignons également la rare générosité du programme : plus de 82 minutes, que l’on ne voit pas passer…

Un enregistrement abouti, exceptionnel, servi par des interprètes également inspirés.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
vanitas

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Franz Schubert

1. Im Freien, D. 880

2. Die Sommernacht, D. 289

3. Die Taubenpost, D.965A

4. Die Forelle, D. 550

5. Der Wanderer an den Mond, D. 870

6. Das Zügenglöcklein, D. 871

7. Abendstern, D. 806

8. Fischerweise, D. 881

Ludwig van Beethoven

9. An die ferne Geliebte, op 98

Wolfgang Rihm

10. Vermischter Traum, Gryphius-Stück für Bariton und Klavier, 2017 *

Franz Schubert

17. Der Winterabend, D. 938

18. Die Sterne, D. 939

19. An die Musik, D.547

20. Wandrers Nachtlied, D 768

Georg Nigl, baryton

Olga Pashchenko, pianoforte (copie de Graf, 1819), piano Steinway*

un CD Alpha 646, de 82’31, enregistré en février 2020 au Temple Manin, de Paris

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD