Igor Stravinsky Edition (Warner)

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6 avril 2021

Quelques lacunes dans une belle édition

Igor STRAVINSKY

Warner Classics

Note ForumOpera.com

Infos sur l’œuvre

Détails

Igor Stravinsky (1882-1971)

CD 1
Scherzo fantastique, op.3 (1908)
Feux d’artifice, op.4 (1908)
L’Oiseau de feu, complete ballet (1910)
– Philharmonia Orchestra · Eliahu Inbal

CD 2
L’Oiseau de feu (1910, Suite de 1919)
– The Philadelphia Orchestra · Riccardo Muti

Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux (1911)
– Philharmonia Orchestra · Eliahu Inbal

CD 3
Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux (1911, orchestration de 1947)
– The Philadelphia Orchestra · Riccardo Muti

Le Sacre du printemps, tableaux de la Russie païenne en deux parties (1913)
– Oslo Philharmonic Orchestra · Mariss Jansons

CD 4
Le Chant du rossignol, poème symphonique (1917)
– Orchestre National de France · Pierre Boulez

Pulcinella, ballet en un acte (1920)
– Ann Murray (mezzo-soprano), Anthony Rolfe Johnson (ténor), Simon Estes (basse)
– Ensemble intercontemporain · Pierre Boulez

Suite No.2 pour orchestre de chambre (1921)
Suite No.1 pour orchestre de chambre (1925)
– Academy of Saint Martin in the Fields · Sir Neville Marriner

CD 5
Les Noces, (1914-1917 & 1919-1923)
– Basia Retchitzka (soprano), Arlette Chedel (alto), Éric Tappy (ténor), Philippe Huttenlocher (basse)
– Martha Argerich, Nelson Freire, Edward Auer, Suzanne Husson (pianos)
– Percussions : Markus Ernst, Jean-Claude Forestier, Harald Glamsch, Rafael Zambrano, Urs Herdi, Roland Manigley
– Grand Chœur de l’Université de Lausanne · Charles Dutoit

Quatre Chants paysans russes « Les Soucoupes » (1914-1917)
Quatre Chants paysans russes « Les Soucoupes », version avec quatre cors (arr. 1954)
– Michel Cantin · Jean-Noël Melleret · André Gantiez · Serge Duchesne (cors)
– Chœur de Radio-France · Jacques Jouineau

Le Baiser de la fée, divertimento (1928-1934, révisé en 1949)
– Philharmonia Orchestra · André Vandernoot

CD 6
Apollon musagète, ballet en deux scènes (1928, version de 1947)
– Berliner Philharmoniker · Sir Simon Rattle

Quatre études (1928)
– Orchestre National de France · Pierre Boulez

Symphonie de Psaumes (1930, rév. 1948)
– Rundfunkchor Berlin · Berliner Philharmoniker · Sir Simon Rattle

Concerto « Dumbarton Oaks » (1938)
– Scottish Chamber Orchestra · Juka-Pekka Saraste

CD 7
Credo (1932)
Ave Maria (1934)
– King’s College Choir, Cambridge · Stephen Cleobury

Jeu de cartes, ballet en trois donnes (1936)
– Rotterdam Philharmonic Orchestra · James Conlon

Symphony en Ut (1940)
– Berliner Philharmoniker · Sir Simon Rattle

Danses concertantes (1941-1942)
– Los Angeles Chamber Orchestra · Sir Neville Marriner

CD 8
Four Norwegian Moods (1942)
– Bergen Philharmonic Orchestra · Dmitri Kitajenko

Circus Polka (1942)
– Philharmonia Orchestra · Eliahu Inbal conductor

Scherzo à la russe (version pour jazz-band, 1944)
Scherzo à la russe (version pour orchestre, 1944)
– City of Birmingham Symphony Orchestra · Sir Simon Rattle

Symphony en trois mouvements (1945)
– New York Philharmonic · Zubin Mehta

Concerto en Ré (1946)
– Bath Festival Orchestra · Sir Yehudi Menuhin

Greeting Prelude (1955)
– The London Philharmonic · Sir Charles Mackerras

Agon, ballet (1957)
– Melbourne Symphony Orchestra · Hiroyuki Iwaki

CD 9
Pastorale (1907)
– Elisabeth Schwarzkopf (soprano), Geoffrey Parsons (piano)

Deux poèmes de Paul Verlaine, op.9 (1910, orch. 1951)
– François Le Roux (baryton) · Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo · John Nelson

Le Rossignol (1914)
– Le Rossignol : Natalie Dessay
– La Cuisinière : Marie McLaughlin
– La Mort : Violeta Urmana
– Le Pêcheur : Vsevolod Grivnov
– L’Empereur : Albert Schagidullin
– Le Chambellan : Laurent Naouri
– Le Bonze : Maxime Mikhailov
– Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Paris · James Conlon

Renard, histoire burlesque chantée et jouée (1917)
– Éric Tappy, Pierre-André Blazer (ténors), Philippe Huttenlocher (baryton), Jules Bastin (basse)
– Siegfried Schmidt cymbalum · Ensemble instrumental · Charles Dutoit

CD 10
L’Histoire du soldat (1918)
– Le Diable : François Simon
– Le Soldat : François Berthet
– Le Récitant : Gérard Carrat
– Nicolás Chumachenko (violon) · Ensemble instrumental · Charles Dutoit

CD 11
Oedipus Rex (1927)
– Œdipe : Anthony Rolfe Johnson
– Jocaste : Marjana Lipovšek
– Créon : John Tomlinson
– Tirésias : Alastair Miles
– Le Berger : John Mark Ainsley
– Le Messager: Peter Coleman-Wright
– Le Narrateur: Lambert Wilson
– The London Philharmonic Choir & Orchestra · Franz Welser-Möst

CD 12
Perséphone (1933)
– Perséphone, la prêtresse : Anne Fournet
– Eumolpe, le prêtre : Anthony Rolfe Johnson
– Tiffin Boys Choir · The London Philharmonic Choir & Chorus
– The London Philharmonic · Kent Nagano

CDs 13-14
The Rake’s Progress (1951)
– Trulove : Robert Lloyd
– Anne : Dawn Upshaw
– Tom Rakewell : Jerry Hadley
– Nick Shadow : Samuel Ramey
– Mother Goose : Anne Collins
– Baba the Turk : Grace Bumbry
– Sellem : Stephen Cole
– Keeper : Roderick Earle
Chœur de l’Opéra de Lyon · Orchestre de l’Opéra de Lyon · Kent Nagano

Three Songs from William Shakespeare (1953)
– Ian Bostridge (ténor), Adam Walker (flûte), Michael Collins (clarinette), Lawrence Power (alto)

CD 15
Concerto pour piano et instruments à vent (1923-24, rev. 1950)
Capriccio pour piano et orchestre (1929, rév. 1949)
– Michel Béroff (piano) · Orchestre de Paris · Seiji Ozawa

Concerto pour violon (1931)
– Maxim Vengerov (violon) · London Symphony Orchestra · Mstislav Rostropovich

Mouvements pour piano et orchestre (1959)
– Michel Béroff (piano) · Orchestre de Paris · Seiji Ozawa

Pastorale (1907, version pour violon et quatuor à vent, 1933)
– Gidon Kremer (violon), Meyrick Alexander (basson), Michael Collins (clarinette), Jane Marshall (cor anglais), David Theodore (hautbois)

Trois pièces pour quatuor à cordes (1914)
– Alban Berg Quartet

CD 16
Ragtime (1918)
– Siegfried Schmidt (cymbalum) · Ensemble instrumental · Charles Dutoit

Trois pièces pour clarinette (1919)
– Sabine Meyer (clarinette)

Concertino pour quatuor à cordes (1920)
– Alban Berg Quartet

Symphonies d’instruments à vent « À la mémoire de Claude Debussy » (1920)
– London Symphony Orchestra · Kent Nagano

Octuor pour instruments à vents (1923)
– Ensemble instrumental · Charles Dutoit

Duo concertant pour violon et piano (1932)
– Itzhak Perlman (violon), Bruno Canino (piano)

Elégie pour alto solo (1944)
– Tabea Zimmermann (alto)

Ebony Concerto pour clarinette et jazz band (1945)
– Michael Collins (clarinette) · London Sinfonietta · Sir Simon Rattle

Concertino pour 12 instruments (1920, orch. 1952)
– Ensemble intercontemporain · Pierre Boulez

Double Canon “Raoul Dufy in Memoriam” 959)
– Alban Berg Quartet

CD 17
Scherzo (1902)
Sonate (1903-1904)
4 Études, op.7 (1908)
Souvenir d’une marche boche (1915)
Valse pour les enfants (1917)
Étude pour pianola (1917)*
Piano-Rag-Music (1919)
Les cinq doigts, 8 pièces très faciles sur 5 notes (1921)
Sonate (1924)
Sérénade (1925)
Tango (1940)
– Michel Béroff (piano)
– Rex Lawson (player piano)*

CD 18
L’Oiseau de feu (1910, transcr. Guido Agosti 1934)
Trois mouvements de Petrouchka (1911, transcr. du compositeur 1921)
– Beatrice Rana piano

Petrouchka (1911, transcr. James Crabb & Geir Draugsvoll)
– James Crabb & Geir Draugsvoll (pour duo d’accordéons)

Suite italienne de Pulcinella (1920, transcr. Piatigorsky et Stravinsky 1934)
– Truls Mørk cello · Lars Vogt piano

CD 19
Le Sacre du printemps (1913, transcr. du compositeur 1913)
– Fazil Say (piano four hands) (studio multitracking)

Ragtime pour piano (1918)
– Marcelle Meyer (piano)

Suite italienne de Pulcinella (1920, transcr. Samuel Dushkin 1932)
Chanson russe de Mavra (1922, transcr. Samuel Dushkin 1947)
Le Baiser de la fée, divertimento (1928, transcr. Stravinsky et Samuel Dushkin 1934)
– Itzhak Perlman (violon), Bruno Canino (piano) Samuel Sanders (piano)

Tango (1940, transcr. James Crabb et Geir Draugsvoll)
– James Crabb & Geir Draugsvoll (duo d’accordéons)

CDs 20 à 23
Enregistrements historiques

1 coffret Warner Classics de 23 CDs

Anniversaire oblige, c’est le moment idéal pour les grandes maisons de disque de proposer leurs meilleurs enregistrements de la musique de Stravinsky en coffret. C’est ainsi que Warner Classics propose une « Igor Stravinsky Edition » en 23 CDs, que nous avons consciencieusement épluchée durant les dernières semaines. Malgré un livret un peu chiche, l’objet est d’assez belle facture. Kandinsky n’a rien à voir avec son compatriote, mais ça non plus, ce n’est pas très important.

Quel peut être l’intérêt du lyricomane pour la musique de Stravinsky ? On imagine mal le compositeur en véritable homme de théâtre. Pourtant, comme le rappelle cet article « preuve par dix », la production vocale de Stravinsky n’est pas négligeable, mais est éclipsée par les grandes pages orchestrales que sont les ballets de la période parisienne.
Disons le d’emblée : cette Stravinsky Edition de Warner ne parvient pas tout à fait à combler cet écart, puisque de nombreuses œuvres vocales en sont encore absentes. Exit la plupart des pièces tardives (Requiem Canticles, la Messe, les cantates que sont The Flood ou Abraham and Isaac). Si elles ne sont pas les pages les plus accessibles du compositeur, elles ne démériteraient pas pour autant dans une édition aussi ambitieuse. Exit aussi les ravissantes mélodies de la période russe (Berceuses du Chat, Pribaïoutki, Poèmes de la lyrique japonaise), qui montrent Stravinsky sous un jour plus tendre et rêveur.

Malgré ces manques regrettables, on trouve tout de même de très bonnes versions des œuvres majeures. La distribution superlative de l’Œdipus Rex de Welser-Möst en fait l’une des meilleurs propositions au disque. C’est surtout par l’orchestre que brille le Rossignol de James Conlon, même si Natalie Dessay y est à son meilleur. Enfin, le Rake’s Progress enregistré à Lyon par Kent Nagano peut se targuer de réunir les excellents Ramey, Upshaw et Hadley autour d’un orchestre lyrique de premier choix.

Les connaisseurs et curieux découvriront l’étrange cantate qu’est Perséphone, où Anthony Rolfe Johnson est fidèle au degré d’excellence qu’on lui connaît. Le très honorable Pulcinella de Pierre Boulez est l’occasion de le retrouver aux côtés d’Ann Murray. On s’avoue un peu moins convaincu par la lecture assez froide de la Symphonie de Psaumes par Simon Rattle, et c’est véritablement dommage de présenter les œuvres si intrinsèquement russes que sont Renard et les Noces dans leur version française ou anglaise.

On se console facilement avec les excellents enregistrements instrumentaux (Sacre de Jansons, Petrouchka de Muti, Mouvements de Petrouchka par Beatrice Rana) et surtout avec les quelques enregistrements historiques disponibles. Si Stravinsky n’était certainement pas un grand chef, ni un grand pianiste, on l’écoute volontiers, ne serait-ce que pour se faire une idée du tempo et de la dynamique générale de ses œuvres.

Alexandre Jamar

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