L’actuel directeur du Festival Radio France Occitanie Montpellier, Jean-Pierre Rousseau, raconte l’exhumation en 2019 du « gigantesque » Fervaal avec Michael Spyres dans le rôle-titre.
Tout d’abord, quelques souvenirs personnels de Michael Spyres, de 2015 à 2019…. Finalement l’un des chanteurs que j’ai le plus entendus dans des ouvrages français pour l’essentiel : en avril 2015, Le Pré aux Clercs (Opéra comique) ; en février 2016, le Mitridate du TCE ; en juin 2018, La Nonne sanglante à l’Opéra Comique.
En 2019, j’aurai l’occasion de voir et d’entendre Michael Spyres pas moins de quatre fois : en février 2019, Les Troyens (Bastille) ; début avril, à l’Opéra Comique, il chante à pleine voix Le Postillon de Lonjumeau ; puis le 24 juillet 2019, Michael Spyres porte à bout de voix le gigantesque Fervaal (Vincent d’Indy), à l’invitation du Festival Radio France Occitanie Montpellier. L’ouvrage est donné en version de concert, pour la première fois sans coupure. Commencée à 20h, la représentation s’achève trois actes plus tard à minuit et demi !
Le 19 juillet nous nous retrouvons par hasard à la terrasse de l’Insensé, devant le musée Fabre. Michael Spyres m’avoue qu’il n’est pas en avance dans l’apprentissage du rôle extrêmement lourd de Fervaal (« ça équivaut à chanter deux fois Tristan ! »).
© DR
Le travail avec Michael Schonwandt et le reste du cast va s’avérer très dense, parfois tendu pendant les premières répétitions, le ténor, pourtant aguerri à la langue française, butant sur la prosodie difficultueuse de Vincent d’Indy.
Le soir venu, Michael Spyres intrigue le public par sa tenue puis entraîne les plus réticents jusqu’au triomphe final. Il semble ne faire qu’une bouchée de son rôle, et singulièrement dans le troisième acte où il est sollicité quasiment sans interruption dans son registre le plus tendu (ndlr : écouter ci-dessous la captation intégrale du concert ; l’édition discographique qui devait suivre est toujours à l’état de projet.)
Michael a encore la force, à presque une heure du matin, de recevoir un diplôme des mains du président d’un syndicat de critiques, de boire quelques bières avec des fans qui sont parfois venus de loin.
Michael Spyres avec, en mains, le diplôme d’un syndicat de critique © DR
Je retrouverai Michael Spyres deux mois plus tard à Versailles, pour un Benvenuto Cellini d’anthologie sous la direction de John Eliot Gardiner.
Michael Spyres est l’anti-star autant dans le travail que dans la vie. Rien ne lui semble impossible. Inconscience ? intrépidité ? Sa curiosité insatiable, son incroyable versatilité, lui ont plutôt réussi jusqu’à maintenant.
Evviva Michael !