La radio bavaroise annonçait en début de soirée la mort de la soprano slovaque Edita Gruberova. Âgée de 74 ans, elle s’est éteinte à Zurich, où elle résidait.
Cette disparition semblera d’autant plus cruelle que le retrait des scènes d’Edita Gruberova était très récent : à l’âge où presque tous les chanteurs goûtent un repos bien mérité, Edita Gruberova continuait de se produire sur scène, dans des rôles exigeant une santé phénoménale. Elle n’avait quitté les planches qu’à la fin de l’année 2019.
Née à Bratislava, Edita Gruberova se forme dans plusieurs chorales et au conservatoire de sa ville natale, avant d’arriver à Vienne. La Staatsoper l’accueille dès 1970 ; elle y chantera plus de 600 représentations, tout en devenant également un pilier des Opéras de Bavière, de Zurich ou de Barcelone. Saluée très jeune pour ses interprétations mozartiennes et straussiennes (Karl Böhm disait que sa Zerbinetta eût été la favorite de Richard Strauss, s’il avait pu l’entendre), où son timbre clair et son agilité font merveille, elle évolue vers le bel canto romantique, en s’appuyant sur la puissance de projection hors normes de sa voix. Violetta, Lucia puis Norma, Lucrezia Borgia, Elisabeth dans Roberto Devereux deviennent des rôles signatures auxquels elle apportait, outre des suraigus adamantins, un indéniable abattage scénique qui électrisait le public. Mais cette artiste versatile était également une mélodiste raffinée, à l’aise aussi bien dans les Lieder de Schubert ou de Strauss que dans les airs de concert de Mozart, dont elle a gravé, avec Harnoncourt, un indépassable enregistrement.
Forum Opéra reviendra plus longuement sur l’extraordinaire carrière d’Edita Gruberova dans un hommage à venir.