La pandémie a mis à mal le monde de l’opéra d’une manière inédite. Les chanteurs furent exposés tout particulièrement aux annulations en cascade, à la détresse économique, à l’absence complète de visibilité pour l’avenir. Parmi eux, les jeunes artistes dont la carrière était en train de décoller ont connu une rupture d’une brutalité inouïe. Reprendre le fil d’une carrière naissante, retrouver une place qui était émergente, renouer avec les voyages et les productions n’a rien d’anodin après un tel épisode. Forum Opéra a choisi de donner chaque mois la parole à plusieurs d’entre eux, afin d’aider le public et le monde lyrique à mesurer l’ampleur de ce traumatisme, la fragilité des recommencements et les leçons à en tirer.
- Kamil Ben Hsain Lachiri, baryton (Belgique)
« Cela me fait un peu du mal de l’avouer, mais cette période fut extrêmement bénéfique pour moi, mon équilibre, et mon avancement vocal »
Kamil Ben Hsain Lachiri découvre le chant par hasard un jour qu’il accompagne un chanteur au piano. Lauréat du concours Voix Nouvelles et sorti de l’Académie de La Monnaie, il se produit régulièrement sur les scènes Belges. Il chantera ce mois-ci le rôle de Papageno au Capitole de Toulouse.
- Vasalisa Berzhanskaya, mezzo-soprano (Russie)
« J’ai réalisé à quel point nous, artistes, sommes vulnérables »
Mezzo-soprano d’origine russe, membre du Youth Opera Program du Bolshoi de 2015 à 2017, Vasalisa Berzhanskaya faisait sensation dans Moïse et Pharaon à Pesaro l’été dernier. Depuis elle a chanté Rosina dans Il barbiere di Siviglia au Staatsoper de Vienne aux côtés de Juan-Diego Flórez et Ildar Abdrazakov. Excusez du peu…
- Axelle Fanyo, soprano (France)
« Je ne peux pas atteindre mon plus haut potentiel sans l’énergie du public »
Le grand public l’a découverte en masterclasses avec Renée Fleming, en 2019. Personnalité faites de mille éclats, Axelle Fanyo est la fraicheur et l’énergie de la jeunesse et en même temps la grande maturité dans ses propos lui confère un regard toujours renouvelé sur son art et sur elle-même. En ce qui la concerne, la pandémie a été l’occasion de se remettre en question tant sur le plan personnel que sur le plan artistique.
- Samuel Hasselhorn, baryton (Allemagne)
« La musique et l’art peuvent aider les gens à trouver du courage, de l’espoir et de la force dans les moments difficiles »
Après son Prix au concours Reine Elisabeth (2018), la carrière de Samuel Hasselhorn a pris un bel envol, marqué par un disque Schumann très remarqué, « Stille Liebe » (Harmonia Mundi) et une prise de rôle en Wolfram von Eschenbach (Tannhaüser) à Rouen hélas annulé pour cause de Covid. Le voici qui reprend le chemin des théâtres, très attendu.
- Shira Patchornik, soprano (Israël)
« J’ai fait partie des privilégiés »
Premier Prix au Concours Cesti à Innsbruck et au Concours Corneille en 2021, la soprano Israélienne apparaît comme l’un des jeunes talents les plus incontestables de sa génération.
- Marie Perbost, soprano (France)
« J’embrasse chaque concert avec un plaisir décuplé »
Bientôt à l’affiche du Retour d’Ulysse de Monteverdi à Versailles et de La Flûte Enchantée à Toulouse, la soprano Marie Perbost a vécu dans la douleur la brutalité et la longueur des périodes de confinement. Au point d’aborder chaque nouvelle représentation avec impatience et gourmandise.