Forum Opéra

Fervaal

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
31 décembre 2014
Pourquoi chercher midi à quatorze heures ?

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Action musicale en trois actes et un prologue, livret du compositeur

Créée à La Monnaie, Bruxelles, le 12 mars 1897

Détails

Fervaal

Jean Mollien

Guilhen

Micheline Grancher

Arfagard

Pierre Germain

Kaïto

Janine Capderou

Ferkemnat

Jean Michel

Chennos

Joseph Peyron

Geywhir

Christos Grigoriou

Berddret

Gustave Wion

Gwallkingubar

Lucien Lovano

Orchestre et chœurs Radio-Lyrique

Direction musicale

Pierre-Michel Le Conte

Enregistré à Paris le 23 mars 1962

2 CD Malibran MR771 – 60’57 + 37’36

Ressusciter des partitions tombées dans l’oubli, c’est formidable. Faire découvrir des compositeurs dont le nom même n’est plus connu que de quelques spécialistes, c’est une excellente idée. Evidemment, on n’exhume pas toujours des merveilles, mais c’est une tâche infiniment louable. Pourtant, il y aurait peut-être encore mieux à faire : donner les chefs-d’œuvre avérés mais qu’on ne joue jamais. Et Fervaal est incontestablement de ceux-là. Vincent d’Indy a composé là une partition puissante, séduisante, enthousiasmante, totalement wagnérisée et pourtant française.
Qui pourrait croire que cette œuvre n’a jamais été remontée sur scène, absolument nulle part, depuis les représentations de 1912 à Garnier ? On sait que l’Opéra de Berne en donna deux exécutions de concert en mai-juin 2009, mais depuis, plus rien. Ce serait à devenir fou s’il n’y avait pas à ce silence assourdissant des raisons assez évidentes. Fervaal est une œuvre lourde à monter, qui exige un très grand orchestre, des chœurs, avec de nombreux personnages et de solides exigences théâtrales. Le « poème », dû à D’Indy en personne, est un peu casse-gueule, tant il sonne parfois daté, mais il en faudrait plus pour faire peur aux metteurs en scène d’aujourd’hui, habitués à transposer dans des parkings souterrains les actions les plus héroïques et les plus surnaturelles. Non, le vrai problème de Fervaal, c’est la distribution vocale qu’il appelle : le rôle principal féminin, mélange de Kundry, d’Isolde et de Vénus, est conçu sur un format authentiquement wagnérien, et le héros, sorte de Parsifal-Tannhäuser-Lohengrin, appelle également un véritable heldentenor. La déesse Haïto est une autre Erda, et le druide Arfagard est un baryton aussi à l’aise dans l’aigu que dans le grave.

Face aux terribles difficultés que présente l’ascension de telles altitudes lyriques, la RTF sut pourtant, en 1962, rassembler des noms sur lesquels personne, à tort, ne parierait aujourd’hui, mais qui parviennent admirablement à faire vivre Fervaal et à nous le faire aimer. Bien sûr, la partition qu’on entend est criblée de trous, un vrai gruyère, à commencer par l’amputation pure et simple du prologue et de la scène 1 de l’acte I (soit les 70 premières pages dans l’édition piano-chant qui en compte 390 !), mais qu’importe, ce qu’il reste de l’intrigue se suit malgré tout, et peut-être même ces coupes rendent-elles parfois l’oeuvre plus digeste. Bien sûr, on pourrait rêver d’une prise de son de studio moderne rendant mieux justice à la vigueur de l’orchestration, mais Pierre-Michel Leconte dirige avec conviction une formation qui n’était certes pas la plus raffinée, et il a de la fougue à revendre.

Là où il n’est pas certain qu’on puisse faire mieux de nos jours, c’est pour les voix. Micheline Grancher est à présent bien oubliée, et c’est une injustice criante. Décédée l’an dernier, cette soprano avait à son répertoire Mélisande mais aussi Elisabeth de Valois, Elsa ou Madame Lidoine, et bien des théâtres rêveraient à présent de pouvoir compter sur une voix aussi large et bien timbrée, à la diction exemplaire. Jean Mollien est un nom qui revient fréquemment dans les distributions de concerts de la radio française dans ces années 1950 et 1960, mais on l’entend rarement dans des rôles de premier plan : quelle injustice ! Plus souvent entendu dans des rôle légers, le ténor interprète ici un personnage qui ne le ménage à aucun instant, presque toujours au-dessus de la portée et s’élevant régulièrement au si bémol ou naturel. Pierre Germain peut d’abord sembler un peu clair, mais le druide Arfagard n’est pas Gurnemanz, et le baryton a toute l’autorité nécessaire à imposer sa présence paternelle. Surtout connue pour des enregistrements d’opérette, mais grande Dalila, Janine Capderou est superbe en Haïto. Donc, ne cherchez plus le chef-d’œuvre méconnu de l’opéra français : il est là, dans une interprétation partielle mais splendide. Et maintenant, quand verra-t-on Fervaal sur une de nos courageuses scènes nationales qui nous révèlent depuis quelques années des titres trop peu fréquentés ?

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
771-6

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Action musicale en trois actes et un prologue, livret du compositeur

Créée à La Monnaie, Bruxelles, le 12 mars 1897

Détails

Fervaal

Jean Mollien

Guilhen

Micheline Grancher

Arfagard

Pierre Germain

Kaïto

Janine Capderou

Ferkemnat

Jean Michel

Chennos

Joseph Peyron

Geywhir

Christos Grigoriou

Berddret

Gustave Wion

Gwallkingubar

Lucien Lovano

Orchestre et chœurs Radio-Lyrique

Direction musicale

Pierre-Michel Le Conte

Enregistré à Paris le 23 mars 1962

2 CD Malibran MR771 – 60’57 + 37’36

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD