« Vivre conjointement sa foi catholique et ses pulsions homosexuelles est un drame intime dont les témoignages sont nombreux. ». C’est via ce double prisme que Francis Poulenc fait l’objet d’une biographie romancée, c’est-à-dire un récit de sa vie agrémenté de dialogues plus ou moins fictifs – certains sont extraits de sa correspondance. L’auteur, Xavier-Marie Garcette, examine son sujet par les deux bouts de la lorgnette : moine et voyou selon la formule de Claude Rostand.
De spiritualité, il est cependant moins question que de sexualité. Les aventures avec Raymond puis Lucien se prêtent mieux au roman que les prières adressées à la Vierge noire – ou à Saint Antoine lorsqu’il s’agit de remettre la main sur le stylo fétiche égaré depuis plusieurs jours. Poulenc aime autant la compagnie des mauvais garçons que « retrouver la pénombre de La Chapelle, et parler simplement et familièrement à Notre-Dame ». Là est le dilemme que se chargera de résoudre Dialogues des Carmélites, opéra spirituel inspiré par des tourments charnels – la rupture avec Lucien.
Mélomane mais non musicologue, Xavier-Marie Garcette s’intéresse moins à l’œuvre qu’à l’homme dont il veut donner à comprendre la personnalité duale. Amorcée à Monte-Carlo par le succès des Biches, l’histoire s’achève au lendemain de la création française de Dialogues des Carmélites. « Après toutes ces émotions, il ne lui reste plus qu’une chose à faire : un pèlerinage à Rocamadour en actions de grâce ! Et comme il demeure avec une belle constance Poulenc-Janus, il vient remercier la Vierge pour ces Carmélites achevées dans la gloire – et aussi pour la rencontre de Louis… ». Moine et voyou, CQFD.