« Love duets »
Daniela Dessi (soprano) et Fabio Armiliato (ténor)
Duos d’opéras extraits de :
Un ballo in maschera GiuseppeVerdi : « Teco io sto »
Norma de Vincenzo Bellini : « In mia man alfin tu sei »
L’elisir d’amore de Gaetano Donizetti : « Chiedi all’aura lusinghiera »
Otello de Giuseppe Verdi : « Gia nella notte densa »
Adriana Lecouvreur de Franceso Cilea : « Ma è dunque vero »
L’amico Fritz de Pietro Mascagni : « Duetto delle cilliege »
La cena delle beffe de Umberto Giordano : « Che ? Voi !? Messere, come siete entrato ? »
Andrea Chenier de Umberto Giordano : « Vicino a te ».
Württembergische Phiharmonie
Marco Boemi : direction
Des surprises chez Universal
Célèbre en Italie, le couple Dessi-Armiliato s’est construit une solide carrière, la réputation de la soprano, plus ancienne et méritée, n’étant pas étrangère à l’existence de ce duo. Si Verdi et Puccini constituent le socle de leur répertoire, ces artistes interprètent des ouvrages véristes de Mascagni, Giordano et Cilea, défendent Zandonai et ont même abordé avec prudence Norma de Bellini. Trois témoignages enregistrés en studio par Universal viennent de paraître *: parmi eux, une récital d’airs d’opéra capté en 2005, intitulé « Love duets ». Le concept est sans doute aujourd’hui daté, mais après tout le public a longtemps été friand de ces vedettes prétendument ou non, liées à la ville comme à la scène.
Avec son timbre de garçonnet, un aigu timide et une expressivité sommaire, Fabio Armiliato manque de cran et de stature vocale pour faire croire à la passion qui déchire Otello, dévore l’ardent Riccardo du Bal masqué ou transcende le poète Chénier, prêt à bondir sur l’échafaud aux côtés de sa belle. Souvent impassible (Norma), ou monotone (Cena delle beffe), son chant ne parvient jamais à définir un personnage ou à défendre une conception, ses approches interchangeables finissant par lasser très rapidement notre écoute. On cherche en vain une pâte, un style, l’élan qui pourrait transformer ces exercices en numéros.
Bien supérieure en termes de ligne de chant, de contrôle technique et de nuances, Daniela Dessi confirme grâce à un métier éprouvé, une véritable honnêteté vocale. Plus à l’aise pour traduire l’angélisme et la résignation de Desdemona (Otello), ou l’abandon d’Amelia, chantées sans artifice, qu’à laisser échapper la fureur de Norma, dont elle n’a ni les notes de passages, ni la couleur, la cantatrice apparaît en retrait dans L’amico Fritz, mais encore vaillante dans Andrea Chenier. Trop mures pour Adina et Nemorino (L’elisir d’amore) déclamés du bout des lèvres, d’une voix pointue qui trahi l’effort, le couple, malgré des accents monochromes se tire assez élégamment du long duo extrait de l’opéra de Mascagni, La cena delle beffe, dont la musique certes conventionnelle, sort des sentiers battus et mérite le détour.
La direction désolante de Marco Boemi qui élimine tout notion d’urgence et de rythme par un excès de ralentissement systématique des tempi – comment peut-on donner vie aux drames qui nous sont contés en les dénervant ainsi ? – joue beaucoup en la défaveur de ce disque honorable sans plus.
François Lesueur
* une intégrale d’Andrea Chenier de Giordano et un récital d’airs de Verdi par Daniela Dessi.