Forum Opéra

Caldara in Vienna

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
28 novembre 2010
La rançon de la gloire

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Philippe Jaroussky
Caldara in Vienna
Forgotten castra arias
Antonio Caldara (c 1671-1736)
L’Olimpiade : « Lo seguitai felice »
Demofoonte : « Misero pargoletto »
La clemenza di Tito : « Numi assistenza… Opprimete i contumaci »
L’Olimpiade : « Mentre dormi amor fomenti »
Temistocle : « Non tremar vassallo indegno »
La clemenza di Tito : « Se mai senti spirarti sul volto »
Scipione nelle Spagne : « O mi rendi il bel ch’io spero »
Ifigenia in Aulide « Tutto fa nocchiero esperto »
Adriano in Siria « Tutti nemici e rei »
Lucio Papirio dittatore : « Son io Fabio?… Troppo è insoffribile fiero martir »
Temistocle : « Contrasto assai più degno »
Enone : « Vado, o sposa »
Achille in Sciro : « Se un core annodi » (avec Vocanima Köln)
Philippe Jaroussky, contre-tenor
Concerto Köln
Emmanuelle Haïm : direction musicale, clavecin
Enregistré à Paterskirche, Kempen, Allemagne, du 12 au 19 juillet 2010
1 CD Virgin Classics – 68’08

Ainsi, l’automne nous apporte son Jaroussky nouveau, tout comme il dépose chaque année sur nos platines le récital de Jonas Kaufmann1, les roucoulades de Cecilia Bartoli2 ou, sur notre table de salon, le dernier Amélie Nothomb. Après dix ans d’une carrière fulgurante, le contre-ténor français est solidement installé dans le paysage lyrique. Sa renommée déborde même le cénacle des initiés. Un succès acquis scrupuleusement, sans jamais avoir cédé à la tentation d’un quelconque mercantilisme. Une carrière à son image : probe et sérieuse. Cette rigueur, qui n’est pas austérité mais exigence, préside aussi à la discographie de Philippe Jaroussky. Ses enregistrements ne se sont jamais contentés d’aligner des tubes destinés à attirer le chaland. Ils procèdent d’une démarche musicologique dont on suppose que le chanteur a pris l’exemple chez sa consœur, Cecilia Bartoli. Pour preuve, en 2008, l’art de Carestini ou, un an plus tard, celui de Johann Christian Bach, exposé l’un comme l’autre avec réflexion et conviction, documenté, légitimé.

 

Cette année, Philippe Jaroussky s’attaque avec le même sérieux à un autre oublié des encyclopédies de musique : Antonio Caldara. Compositeur prolixe dont pas une des trois mille œuvres n’a surmonté l’épreuve du temps. Sa migration de la Venise du settecento vers la Vienne des Habsbourg lui vaut d’être présenté comme un compositeur européen. C’est aller un peu vite en besogne. A ce compte, quel musicien n’est pas européen ? Disons qu’il parvint à fusionner mélodie italienne et science germanique pour le plus grand plaisir de ses contemporains.

 

Avec ce florilège d’airs d’opéras pour castrat composés par Caldara durant sa période viennoise, entre 1719 et 1736, on retrouve Philippe Jaroussky tel qu’on l’avait laissé un an auparavant auprès de Johann Christian Bach. Le timbre est reconnaissable dès la première note. C’est là la marque du succès, le gage d’une véritable personnalité musicale. Mais cette familiarité que l’on ressent à l’écoute d’une voix dont les charmes comme les artifices sont déjà connus n’est pas sans désagrément. En banalisant l’impression d’étrangeté, elle atténue précisément ce qui fascinait : l’incorporéité, l’angélisme qui rendait le contre-ténor semblable plus qu’aucun autre à ces castrats dont il veut restituer la splendeur. De fait, le chant devient plus palpable et on remarque, dans les airs rapides surtout, des aigreurs, des inégalités qu’hypnotisé par la singularité du timbre, on n’avait pas encore relevées. Les airs plus lents soulignent davantage la musicalité, le sens de la ligne, la manière délicate de dérouler la vocalise et de varier l’intensité du son. Cela nous vaut plusieurs moments de grâce. Par exemple, «  Tutto fa nocchiero esperto » d’Ifigenia in Aulide où chant et violon se répondent puis se confondent ou, plus ravissant encore, « Troppo è insoffribile fiero martir » extrait de Lucio Papirio dittatore. Porté par un concerto Köln enamouré et la direction raffinée d’Emmanuelle Haïm, Philippe Jaroussky trouve là encore à nous enchanter. Preuve que nous ne sommes pas si blasés.

 

Il n’en demeure pas moins que, malgré une écoute répétée, les airs succèdent aux airs. Megacle, Timante, Sesto, tous confondus dans la même affliction ou le même courroux selon le tempo de l’aria : largo ou presto. Défaut de caractérisation ou défaut de composition ? Ni l’un, ni l’autre mais reflet d’une époque où la musique, sanglée dans le corset de l’opera seria, s’autorisait peu d’embardées. La limite aussi de l’exercice. Isoler ainsi des airs, c’est oublier que l’opéra est théâtre et que ce qui fait le prix d’une œuvre n’est pas seulement la beauté de certains passages mais la force dramatique qui résulte de leur organisation. Pour se convaincre du génie théatral de Caldara, mieux vaut pour le moment en rester à l’enregistrement de Maddalena ai piedi di Cristo par René Jacobs3. Lui, indispensable.

 

 

1 Jonas Kaufmann : Verismo arias (Decca)

2 Cecilia Bartoli : Sospiri (Decca)

3 Maddalena ai piedi di Cristo, Orchestra of the Schola Cantorum Basiliensis, René Jacobs, Harmonia Mundi

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
Caldara

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Philippe Jaroussky
Caldara in Vienna
Forgotten castra arias
Antonio Caldara (c 1671-1736)
L’Olimpiade : « Lo seguitai felice »
Demofoonte : « Misero pargoletto »
La clemenza di Tito : « Numi assistenza… Opprimete i contumaci »
L’Olimpiade : « Mentre dormi amor fomenti »
Temistocle : « Non tremar vassallo indegno »
La clemenza di Tito : « Se mai senti spirarti sul volto »
Scipione nelle Spagne : « O mi rendi il bel ch’io spero »
Ifigenia in Aulide « Tutto fa nocchiero esperto »
Adriano in Siria « Tutti nemici e rei »
Lucio Papirio dittatore : « Son io Fabio?… Troppo è insoffribile fiero martir »
Temistocle : « Contrasto assai più degno »
Enone : « Vado, o sposa »
Achille in Sciro : « Se un core annodi » (avec Vocanima Köln)
Philippe Jaroussky, contre-tenor
Concerto Köln
Emmanuelle Haïm : direction musicale, clavecin
Enregistré à Paterskirche, Kempen, Allemagne, du 12 au 19 juillet 2010
1 CD Virgin Classics – 68’08

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD