Forum Opéra

Guillaume Tell

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
14 avril 2014
C’est du belge

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

André-Ernest-Modeste GRETRY

Guillaume Tell


Drame en trois actes, livret de Michel-Jean Sedaine
Créé à la Comédie Italienne, Paris, le 9 avril 1791

Guillaume Tell
Marc Laho
Madame Tell
Anne-Catherine Gillet
Gessler
Lionel Lhote
Marie
Liesbeth Devos
Le fils Tell
Natacha Kowalski
Melktal
Patrick Delcour
Le fils Melktal
Stefan Cifolelli
Le voyageur
Roger Joakim

Orchestre et chœurs de l’Opéra royal de Wallonie
Direction musicale
Claudio Scimone

Enregistré à l’Opéra de Liège, en juin 2013

1 CD Musique en Wallonie MEW 1370 – 78’51

 

Depuis quelques années, la RTBF diffuse une émission intitulée C’est du belge, présentée comme « le magazine de l’excellence belge ». On pourrait en appliquer les ambitions au présent enregistrement de Guillaume Tell, sans en oublier le programme « De la noblesse de sang à la noblesse de cœur, de la fierté nationale au rayonnement international », qui convient assez bien à cet opéra de Grétry. En effet, il ne s’agit absolument pas ici du chef-d’œuvre homonyme de Rossini, mais bien du drame (un opéra-comique, en fait) que le compositeur liégeois conçut sur un livret de son vieux complice Sedaine. Avec lui, déjà, il avait produit le fameux Richard cœur-de-lion, et il était grand temps en 1791 de montrer qu’il était capable de chanter autre chose que la gloire des rois. Sur ce plan, ce Guillaume Tell conçu une quinzaine d’années avant celui de Schiller répond parfaitement à des objectifs « révolutionnaires » : exaltation du peuple, qu’un sang impur abreuve nos sillons, Tyrans descendez au cercueil, etc. Gessler devient l’incarnation de l’oppresseur du tiers-état et, face à lui, Tell est le libérateur des classes laborieuses. Malgré tout, une intrigue amoureuse doit se superposer l’aspect politiquement correct, et l’on voit « le fils Melktal », l’Arnold rossinien, s’unir non pas à la fille de Gessler, Mathilde, mais à la fille de Tell, Marie. L’épouse et le fils, Hedwige et Jemmy selon Etienne Jouy et Hippolyte Bis, sont ici « Madame Tell » et « le fils Tell », mais leur rôle est beaucoup plus développé que chez Rossini. Chants populaires, « simplicité de mœurs » et commentaire de l’action par le chœur, tout est en place pour être en prise avec l’air du temps.

Là où la belgitude s’affirme, bien davantage que dans la nationalité du compositeur (la Belgique n’existait pas en tant que telle du vivant de Grétry), c’est dans la distribution réunie pour cette recréation. Certes, Claudio Scimone n’est pas natif d’outre-Quiévrain, mais à part sa présence, gage d’authenticité musicologique dans la direction, tout ici est belge, dans ce spectacle voulu par le directeur (italien) de l’Opéra royal de Wallonie pour conclure sa saison 2012-2013 et célébrer Grétry, mort en 1813. Un mot de la mise en scène, car on l’entend à travers les nombreux dialogues parlés : Stefano Mazzonis di Pralafera avait fait le choix, discutable mais défendable, de les faire déclamer avec une emphase et une outrance délibérées. Cela étonne d’abord, et certains pourront juger la chose exaspérante, mais l’on se dit aussi que, joués de façon réaliste, ces dialogues seraient d’une mièvrerie accablante. Pourquoi pas, donc. Tous les opéras-comiques de cette époque n’ont pas la chance ambiguë d’avoir été révisés pour remplacer le parlé par des récitatifs chantés.

C’est du belge, disions-nous, et à 100%. De Wallonie et de Flandre, bien sûr, d’où parfois un soupçon d’accent dans la prononciation du français parlé, mais à peine. Par rapport aux rôles romantiques dans lesquels il s’est illustré, le personnage de Guillaume Tell offre à Marc Laho une partition bien moins virtuose, où le ténor belge peut se contenter d’incarner avec vigueur le héros suisse. Bien plus sollicitée semble Madame Tell, qui hérite d’un bel air dramatique, « O ciel, où vont ces scélérats », avec la répétition obsédante de la phrase hallucinée « Je le vois sanglant ». Anne-Catherine Gillet y confirme son statut d’excellente soprano désormais destinée à des rôles de premier plan. On connaît les qualités du baryton Lionel Lhote : Gessler n’est hélas présent qu’au deuxième acte, mais il dispose d’un air pour faire exister le « méchant ». Découverte pour les artistes représentant la jeune génération autour d’eux : on remarque le timbre charnu de la mezzo bruxelloise Natacha Kowalski, la voix délicate de la soprano flamande Liesbeth Devos, et le raffinement du ténor anversois Stefan Cifolelli. Patrick Delcour a la voix qui bouge un peu, le chœur a parfois tendance à crier, certains départs ne sont pas parfaitement en place à l’orchestre, mais ce sont les aléas des prises de son en direct, sur lesquels on passera bien volontiers pour écouter cette œuvre : il reste encore tant à faire pour approfondir notre connaissance de l’opéra de la période révolutionnaire, même si un certain Méhul devrait très bientôt faire parler de lui…

 

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
5425008313702

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

André-Ernest-Modeste GRETRY

Guillaume Tell


Drame en trois actes, livret de Michel-Jean Sedaine
Créé à la Comédie Italienne, Paris, le 9 avril 1791

Guillaume Tell
Marc Laho
Madame Tell
Anne-Catherine Gillet
Gessler
Lionel Lhote
Marie
Liesbeth Devos
Le fils Tell
Natacha Kowalski
Melktal
Patrick Delcour
Le fils Melktal
Stefan Cifolelli
Le voyageur
Roger Joakim

Orchestre et chœurs de l’Opéra royal de Wallonie
Direction musicale
Claudio Scimone

Enregistré à l’Opéra de Liège, en juin 2013

1 CD Musique en Wallonie MEW 1370 – 78’51

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD