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5 questions à Sandrine Piau

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5 questions
27 juin 2003

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Après avoir été longtemps une spécialiste du baroque, vous élargissez peu à peu votre répertoire. Le baroque, c’est terminé ?

Certainement pas ! Aborder d’autres répertoires n’est pas une fin en soi, c’est plutôt une nécessité humaine et musicale d’enrichir son propre imaginaire. Quant au Baroque il reste à mes yeux, une référence qui se nourrit de ces désertions, et le plaisir que j’ai sans cesse à y revenir, participe au charme des premières fois avec toute l’émotion qui s’y rattache.

Vous allez chanter dans La Grande Duchesse de Gerolstein, de Minko/Pelly, en 2004, comment appréhendez-vous cette expérience ?

Justement comme une des ces aventures complémentaires et enrichissantes qui vous change ou bien vous conforte dans ce que vous êtes. A propos de cette production (Minko/Pelly au Châtelet) j’ai une petite anecdote à vous raconter. Le directeur artistique a pris la peine de m’appeler personnellement pour savoir si l’expérience me tentait. Il voulait s’assurer qu’un rôle dans un ouvrage « léger » me conviendrait. En effet, j’ai échappé grâce au répertoire baroque à un certain répertoire de colorature que je respecte mais pour lequel je n’ai guère d’affinité. Et je me suis aperçue en cette occasion que j’étais davantage perçue comme une chanteuse « sérieuse » spécialisée dans les rôles de jeunes premières très malheureuses ou très en colère. Il devenait encore plus savoureux de brouiller quelque peu cette image, et j’ai accepté avec enthousiasme surtout en présence de personnalités telles que Marc Minkowski, Laurent Pelly et Felicity Lott.

Est-ce que Sandrine Piau chantera un jour du bel-canto romantique ?

Honnêtement non. Hormis le fait que ma voix me semble inadaptée à ce style, je n’ai de surcroît aucune attirance pour le bel canto. Je confesse qu’il m’arrive d’écouter à fond les manettes les grandes stars du genre, c’est totalement jouissif, ça décrasse, ça fait du bien et ça s’arrête là.

Quels sont vos prochains défis ?

Je ne pense pas être une femme de défis. C’est une démarche trop guerrière à mon goût. En revanche, je rêve beaucoup et j’ai la chance de réaliser un certain nombre d’entre eux. Le dernier en date sera la possibilité d’aborder le répertoire ‘Straussien’ en 2006 avec Arabella au Capitole de Toulouse. Si Mozart et Haendel restent les amis de toujours, et Couperin et Monteverdi les amours de jeunesse, Strauss pourrait bien être mon démon de midi.

Après votre récital Mozart, vous venez de sortir un disque de mélodies de Debussy. Quels seront vos prochains enregistrements ?

En ces temps de marasme discographique, commencer une collaboration avec la maison de disque Naïve a été plus qu’une chance. Nous nous sommes attachés, au cours de deux précédents albums à défendre la spécificité de mon parcours et cela même dans un répertoire plus tardif comme les mélodies de Debussy. C’est pourquoi j’ai toujours tenu à enregistrer sur instruments d’époque. Pour ce troisième récital il en sera de même avec le complice évident Christophe Rousset et son ensemble Les Talens Lyriques pour un disque d’airs d’opéra de Haendel. Comme pour le disque Mozart j’ai cherché à privilégier les ouvrages peu ou pas connus, Faramondo, Arianna, Radamisto dont la beauté n’a rien à envier aux plus belles pages de Giulio Cesare ou Orlando, qui figurent également au programme. Sinon, à plus court terme, j’enregistre toujours pour Naïve, le Requiem de Brahms en version deux pianos avec Laurence Equilbey et son ensemble vocal Accentus. Il est également question d’un projet Vivaldi mais il est un peu tôt pou en parler…

Frédéric Théret
 

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