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5 questions à Marco Vinco

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5 questions
18 août 2007

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Comment avez-vous décidé de devenir chanteur d’opéra ?

Je ne l’ai pas décidé ! C’est arrivé par hasard. En fait, je suis le neveu de la célèbre basse italienne Ivo Vinco. A l’âge de 18 ans, je lui ai demandé de me donner des leçons de chant. A l’époque, je ne connaissais rien à l’opéra ; j’étais guitariste dans un groupe de rock à Bologne et je voulais simplement apprendre à mieux utiliser ma voix. Comme beaucoup de jeunes, je pensais d’ailleurs que l’art lyrique était un genre ennuyeux, réservé aux personnes d’un certain âge. Dès que j’ai ouvert la bouche, mon oncle m’a dit que j’avais une voix naturellement faite pour l’opéra. Ça m’a un peu effrayé : « Tu en es sûr ? ». Il a alors commencé à m’enseigner le chant et un an après, en 1996, je donnais mon premier concert. En 1998, j’ai fait mes débuts sur scène, à Lecce, en Colline dans La Bohème. Tout en apprenant le chant, j’ai poursuivi mes études de droit à l’université. J’ai obtenu mon diplôme en novembre 2002 alors que trois mois auparavant, j’interprétais à Pesaro Il conte Asdrubale dans La Pietra del Paragone. Je me suis alors demandé quel chemin suivre : celui du chant ou celui de la loi ? Le public, la presse et les théâtres en ont décidé. Je recevais à chaque spectacle un accueil chaleureux ; les critiques étaient élogieuses ; on me proposait déjà plusieurs contrats. J’ai fait mon choix.

Aujourd’hui Rossini et Mozart représentent la part la plus importante de votre répertoire. Pourquoi ?

C’est une question de rencontre, avec Alberto Zedda, tout d’abord, qui, lors d’une audition en 1998, m’a dit que j’avais une voix faite pour Rossini. Il m’a proposé d’enregistrer l’Equivoco stravagante chez Naxos en 2000 puis m’a invité à Pesaro dès 2001. La même année, j’interprétais le Figaro de Mozart à Aix-en-Provence sous la direction de Marc Minkowski avec une équipe prestigieuse : Véronique Gens, Laurent Naouri, etc. Au départ, mon goût pour le rock, le jazz et le blues me poussait plus vers les compositeurs du début du 20e siècle : Puccini, Massenet… Au fur et à mesure que le temps passe, j’écoute de la musique de plus en plus ancienne : Rossini, Mozart bien sûr mais aussi la musique baroque. J’ai d’ailleurs chanté dans Rinaldo d’Haendel à La Scala de Milan.

Quelle discipline et quelles qualités faut-il pour interpréter Rossini ?

Un régime sévère ! Je plaisante… Il faut du travail et encore du travail, tous les jours comme les sportifs de haut niveau ! Mais aussi une certaine énergie, une vivacité qui sont souvent le propre de la jeunesse. Dans Rossini, la voix doit être particulièrement élastique : il faut chanter un nombre considérable de notes dans un minimum de temps. Passé un certain âge, on ne dispose pas du même ressort. A 60 ou 65 ans vous pouvez encore interpréter les grands rôles verdiens – je pense à Leo Nucci par exemple – c’est moins évident pour Rossini…

Vous citez Leo Nucci ; avez-vous des chanteurs qui vous servent de modèle et si oui, lesquels ?

Tous les chanteurs de ma tessiture évidemment : les grands barytons et basses italiens : Cesare Siepi, Ettore Bastianini, etc. J’ai tous leurs disques et je les écoute très souvent avec beaucoup d’attention pour voir si, dans les rôles qui m’intéressent, je parviens à faire la même chose.

Quels sont vos projets pour les saisons à venir ?

Mozart et Rossini encore et toujours : Figaro, Le Comte, Don Giovanni à Monaco, Leporello, Mustafa, peut-être à Paris en 2011, Selim à Toulouse, L’equivoco stravagante l’année prochaine à Pesaro, Aliprando dans Mathilde di Shabran à Covent Garden… Je vais interpréter le Stabat Mater à Madrid et faire prochainement une tournée Cimarosa avec Ricardo Muti. On m’a également proposé de chanter dans des opéras de Donizetti, Lucrezia Borgia notamment, et même Escamillo ! J’hésite encore pour le moment. Sans doute un jour, en attendant d’interpréter peut-être le rôle dont nous rêvons tous : Philippe II dans Don Carlos de Verdi.

 

Propos recueillis par Antoine Brunetto et Christophe Rizoud,
traduits par Christophe Rizoud

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