L’opéra de Liège est une maison ancienne, soucieuse de respecter l’héritage et de maintenir une programmation de qualité dans une ville, certes de province, mais de longue tradition intellectuelle, universitaire et culturelle, située au cœur de l’Euregio, cette région liée au bassin de la Meuse qui touche les frontières allemandes et néerlandaises, attirant un public nombreux et connaisseur.
Souffrant un peu de la concurrence du Théâtre Royal de la Monnaie d’une part, situé à moins de 100 km et jouissant d’une exceptionnelle réputation internationale, et des maisons d’opéra allemandes, en particulier Cologne et Düsseldorf, l’Opéra royal de Wallonie assume honnêtement son rôle local. Il présente régulièrement quelques unes de ses productions dans des salles proches à Verviers ou à Maastricht, et joue pleinement le jeu des co-productions pour tirer un maximum de profit de ressources limitées.
Sa programmation pourrait être qualifiée de généraliste et relativement traditionnelle, explorant largement le grand répertoire, avec de temps à autre quelques redécouvertes inattendues. Peu présente dans le répertoire contemporain, l’institution ne bénéficie que de budgets modestes, mais entretient vaillamment les équipes complètes d’une grande maison d’opéra.
Adresse : Place de l’opéra (qui l’eut cru…) B-4000 Liège, Belgique. À proximité immédiate se trouvent la Place de la République Française (on est très francophile à Liège), pas bien loin de la Place Saint-Lambert en plein cœur du centre historique de la ville.
Site Web : www.operaliege.be
Années de construction : 1820
Architecte : Auguste Dukers
Style architectural : De style néo-classique (temple à colonnes et fronton) avec une rehausse postmoderne réalisée en 2012 qui permit l’aménagement d’une nouvelle salle de répétition et des locaux administratifs supplémentaires, l’opéra de Liège est un très beau bâtiment qui trône en majesté sur la place de la République Française. La salle en forme de fer à cheval qui comprenait d’élégants décors dus au peintre lyonnais Hennequin, élève de David, fut refaite à plusieurs reprises au cours de sa longue existence, et présente aujourd’hui une esthétique second empire rouge et or assez traditionnelle.
Répertoire de prédilection : Opéra italien du XIXe, sans doute en raison de la personnalité de son directeur actuel, Stefano Mazzonis di Pralafera, également metteur en scène.
Éducation : Les activités proposées aux enfants et au jeune public comprennent notamment des programmes éducatifs pour chaque classe d’âge, des fiches détaillées sur chaque spectacle, des visites guidées pour les écoles et une série de production particulièrement destinées à ces publics : pas moins de trois spectacles dédiés lors de la saison 2015-16.
Histoire : Si l’institution telle qu’elle se présente aujourd’hui date juridiquement de 1967, la tradition de l’opéra à Liège est bien plus ancienne, et remonte au XVIIIe siècle. Une première salle est aménagée (dans un bâtiment pré-existant, une ancienne halle au blé) dès 1767 mais elle est entièrement détruite par un incendie en janvier 1805. La ville se préoccupe dès 1815 de la construction d’un nouvel édifice. Confié à l’architecte local Auguste Dukers (1792-1831), il sera inauguré le 4 novembre 1820 avec une pièce de circonstance, intitulée Apothéose de Grétry, suivi d’une représentation de Zémire et Azor du même Grétry. La salle connaîtra diverses transformations et aménagements au cours des XIXe et XXe siècle, avant une rénovation très spectaculaire achevée tout récemment, en 2012, portant la jauche à 1044 places.
Premier opéra représenté : Zémire et Azor de Grétry, en 1820.
Meilleures places : Comme dans la plupart des salles à l’italienne, les meilleures places sont situées au milieu du parterre (malheureusement coupé en deux par une travée d’accès) et aux premiers rangs du premier balcon de face.
Acoustique : L’acoustique a été nettement améliorée par les travaux récents et s’avère aujourd’hui d’excellente qualité, quel que soit le remplissage de la salle, et ceci grâce à des sièges spécialement étudiés pour ne pas vibrer au son.
Tarifs : Particulièrement étudiés, de 14 à 80 euros.
Anecdote : Le compositeur le plus honoré à Liège est Grétry, enfant du pays mais qui mourut à Paris en 1813. Sa famille voulut ramener son cœur à Liège, alors que les événements politiques n’y étaient guère propices. Quelques années plus tard les descendants avait changé d’avis, mais la ville leur intenta alors un procès pour obtenir l’exécution de ses intentions antérieures, et finit par obtenir gain de cause. Le cœur de Grétry fut ramené en grande pompe à Liège en 1828, et on inaugura pour la circonstance une statue à l’effigie du compositeur qui trône encore aujourd’hui devant l’opéra.
Tenue : En dehors de quelques soirées exceptionnelles baptisées « gala » où le public un peu endimanché parade en smokings et robes du soir, on vient ici à peu près dans toutes les tenues, chaque spectateur ayant sa propre idée de ce qui conviendra le mieux.
Vestiaire : Gratuit et obligatoire, on y est accueilli très aimablement en français, le plus souvent avec un accent délicieusement local.
Toilettes : nombreuses et propres, que demander de plus !
À l’entracte : Le foyer Grétry offre une restauration de qualité deux heures avant le spectacle, et un bar pendant les entractes.
Le bémol : L’opéra de Liège manque – comme beaucoup d’autres maisons – de moyens de production. Il fait le plus souvent appel à des metteurs en scène plus soucieux d’efficace tradition que d’originalité créative ou peu désireux d’apporter une vision réellement nouvelle de l’oeuvre présentée. Il en résulte généralement des spectacles d’honnête qualité et sans prétention exagérée, ce qui peut être un précieux atout, mais apporte aussi son lot de déceptions..
Le dièse : L’Opéra Royal de Wallonie est équipé d’un amplificateur de boucle à induction magnétique pour appareils auditifs qui permet aux malentendants de bénéficier d’une amplification du spectacle en cours.
Accessibilité : La salle est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite et des places spéciales leur ont été aménagées. Un ascenseur désert tous les étages.
Accès : Ceux qui viennent en train auront soin de s’arrêter à Liège-Palais, très proche de l’opéra. Les amateurs d’architecture – eux – ne manqueront pas d’admirer l’autre gare de Liège, appelée Liège Guillemin, due au talent de l’architecte Calatrava. Des bus la relient à l’opéra. A ceux qui viennent en voiture, le Parking Neujean, situé 45 boulevard de la Sauvenière, offre un tarif spécial à 6 €.
Où dîner à proximité : Liège offre plusieurs tables de très haute qualité, dont le Jardin des Begards et le Selys sont sans doute de bons exemples à proximité immédiate de l’Opéra, mais aussi des tables plus modestes et néanmoins recommandables, comme O’Sole mio au doux parfum d’Italie.
Où dormir à proximité : Si vous souhaitez passer la nuit à Liège, le plus commode, sinon le plus original, est l’Ibis Centre Opéra, place de la République Française.