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5 questions à Sylvie Brunet

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5 questions
1 mars 2008

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Sylvie Brunet revient au Théâtre du Châtelet pour une série de représentations de l’opéra Padmâvatî d’Albert Roussel (1). Elle nous a accueillis dans sa loge après les répétitions qu’elle décrit comme enthousiasmantes mais intenses.

Vous sortez à l’instant des répétitions de Padmâvatî… Pouvez-vous nous parler de cette œuvre rare ?

Je ne connaissais l’œuvre que de nom, et je ne l’avais jamais étudiée auparavant. Il faut dire que l’on a tellement de rôles à apprendre, on a très peu de temps pour les recherches personnelles. Surtout que cet opéra n’a pas été donné depuis très longtemps à Paris(2)… c’est une vraie rareté !

Ce que j’adore dans cette œuvre c’est que c’est une véritable plongée dans l’Inde ! Il y a toute la culture hindouiste qui ressort de cette musique… C’est une immersion, aussi bien musicalement que visuellement !

La musique est fabuleuse, les rythmes en particulier sont d’une grande intensité… Mais c’est un ouvrage difficile à chanter, la musique semble comme irréelle… je pense que ça va être une beau rêve, que j’espère partager avec les spectateurs !

Parlez-nous un peu de cette mise en scène signée par le « pape » du cinéma Bollywood, Sanjay Leela Bhansali !

J’ai découvert le cinéma Bollywood il y a environ deux/trois ans, avec le film Devdas de Sanjay Leela Bhansali. J’ai vu des extraits à la télévision, et j’ai tout de suite voulu me procurer la vidéo ; j’ai été immédiatement séduite par cet univers merveilleux, qui fait rêver… Tout le monde a besoin de rêver, de voir de belles choses ! Par la suite je me suis procuré les autres films de Sanjay Leela Bhansali, dont Black qui est extraordinaire. C’est un grand poète.

Et sur scène on retrouve tout cet univers, avec les chorégraphies… On est transportés ! Avec les couleurs, les costumes, les animaux aussi… mais je ne voudrais pas trop en dévoiler !

Monter ce spectacle avec autant de minutie et en aussi peu de temps, cela tient du miracle. En un mot c’est somptueux ! Je crois que l’on n’a pas vu ça en France depuis un bon moment !

Parlons un peu de vous maintenant… Vous avez un répertoire étendu du fait de votre tessiture très large (vous chantez des rôles aussi bien de contralto que des rôles sopranisants), vous chantez dans beaucoup de langues différentes, français italien, allemand… Avez vous malgré tout des préférence, des affinités particulières ?

J’ai la chance d’avoir une voix qui s’adapte très bien… j’ai beaucoup de couleur dans la voix. Comme un peintre je peux interpréter divers sentiments, émotions… Et pour moi toute la musique est liée à ça. Je ne cherche pas à faire une sonorité, la voix se colore naturellement, plus sombre si c’est une note de contralto, plus sopranisante s’il s’agit de L’Africaine de Meyerbeer par exemple, plus claire… Je ne cherche pas à truquer ma voix… Elle vient naturellement et spontanément par rapport à l’écriture de l’œuvre.

Au niveau de la langue ça change aussi beaucoup. Par exemple, l’italien est beaucoup plus facile, c’est une langue qui comporte plus de voyelles, qui coule plus naturellement ! Mais évidemment j’adore chanter le répertoire français. Parce que je comprends la signification de chaque sentiment, de chaque couleur de mot. Et j’aime tellement la langue française, qui est une langue magnifique ! Je me régale avec les mots !

Vous chantez l’Africaine de Meyerbeer, vous chantez Padmâvatî… Que de raretés ! Est-ce un choix de votre part ? Comment choisissez vous vos rôles ?

Mes prises de rôles sont la conjonction d’opportunités et de choix.

J’aime les défis… les choses nouvelles. J’aime à travailler de nouveaux rôles. J’éprouve autant de plaisir à la création de l’œuvre, c’est à dire le déchiffrage, le moment où l’on tourne les pages… je me régale à découvrir chaque ligne.

J’apprécie tout autant cette phase de préparation, que l’aboutissement du travail que constitue la représentation !

Vous avez fait beaucoup carrière à l’étranger, mais aussi en province, notamment à Strasbourg où vous êtes régulièrement invitée, mais on vous a peu vue à Paris, à l’exception de Carmen dans ces mêmes lieux l’année dernière…

Ca commence à Paris, j’ai des projets, on va me voir un peu plus souvent en France ! Et c’est bien, parce que j’apprécie beaucoup le public français !

Pour les projets, je ne sais pas si j’ai le droit encore d’en parler… Je peux vous dire déjà qu’il y aura notamment Mireille de Gounod à l’Opéra Garnier, dans le rôle de Taven.

Et puis je suis vraiment très heureuse de pouvoir chanter très prochainement ma première Eboli au Grand Théâtre de Genève. Jean-Marie Blanchard me l’a proposée après m’avoir entendue dans le rôle titre de l’Africaine de Meyerbeer. C’est un rôle que j’attendais depuis longtemps !

 

Propos recueillis par Antoine Brunetto

 

(1) Elle remplace Marie Nicole Lemieux initialement prévue
(2) La dernière reprise parisienne date de 1946

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