Forum Opéra

5 questions à Sophie Karthäuser

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
5 questions
25 juin 2007

Infos sur l’œuvre

Détails

La première question que l’on a envie de vous poser c’est : comment devient-on Sophie Karthäuser ? Comment gère-t-on un début de carrière ?

J’ai commencé mes études à Liège. Je les ai continuées à Londres, à La Guildhall School avec un professeur que je consulte encore beaucoup. Mais je pense que j’ai surtout eu la chance de faire partie de la jeune équipe de la Monnaie de Bruxelles. Ce fut mes débuts à l’opéra, mon lancement grâce à la confiance de Bernard Focroulle. Là, j’ai beaucoup chanté : Mozart, Cavalli mais aussi Ravel. Pour ce qui est de gérer les choses, tout n’a pas forcément été facile, surtout au début puisque je n’avais pas d’agent. Aujourd’hui j’ai « dépassé » ça… L’organisation au moins ! Finalement ce qui reste le plus difficile c’est la gestion de la vie privée. Pour les Noces, par exemple, je reste deux mois sans voir ma maison…

Faire partie d’une équipe amène à se poser la question de la marge de manœuvre que vous avez pour « exister ». Y a-t-il de la place pour le simple plaisir de chanter ?

Jusqu’à maintenant j’ai eu la chance d’avoir des partenaires desquels j’ai beaucoup appris. Ce n’est pas tout mais c’est déjà énorme. Des difficultés de personnes, il y en a, forcément. Mais ce n’est pas propre au chant ! Et c’est positif à partir du moment où ça amène à aussi travailler sur soi. Voilà une chance à saisir. De toute façon j’aime me poser des défis, me dépasser. C’est peut-être ça le plaisir !

En hiérarchisant, aujourd’hui vous avez des projets, des envies, des rêves ?

Etre là, c’est déjà un rêve que je réalise. Au moins personnellement ! Ceci mis à part, j’ai surtout des projets. Thésée, entre autres, au TCE avec Emmanuelle Haïm. Falstaff aussi. C’est une perspective très stimulante. Une manière aussi, peut-être, de casser une image de fille venue du baroque. Une manière d’aller vers un autre répertoire, une autre façon de chanter… que je peux aussi chanter !

Mozart c’est un peu votre « fond de commerce ». Vous avez chanté, déjà, Susanne, Zerline, Pamina et d’autres. Récemment Renée Fleming a confié que Mozart est « le test le plus difficile qui soit (1) […] Si on peut lui survivre, on peut survivre à tout ». Mozart pour vous, c’est aussi un test, une école, une souffrance ?

Sincèrement, j’ai le sentiment que je lui dois beaucoup. Et je continue de le fréquenter souvent ; pas seulement à la scène d’ailleurs ! Après une période de vacances, quand il s’agit de redémarrer je fais des exercices et… je chante du Mozart ! J’ai souvent l’habitude de dire que pour moi, c’est quelque chose de délicieux, comme du miel qui coule dans ma gorge. Je ne pourrais pas tout chanter de Mozart, évidemment, mais pour ce qui est de mon répertoire, vocalement, c’est une évidence. Et puis il a ce génie tellement particulier de mettre en musique des mots, de les faire parler. Pour moi c’est important. Mais la simplicité, l’humilité face à cela, ce n’est pas toujours facile !

Venons-en à Susanne ! Pour vous c’est une prise de rôle. Est-ce qu’il résume tout ce que nous venons de dire ?

Je pense, oui ! Susanne c’est tout ce que j’aime, tout ce que je trouve fascinant dans ce que je fais : jouer ET chanter. Mais c’est aussi un défi, parce que c’est un rôle éprouvant ; très éprouvant. Susanne est presque toujours sur scène et après la générale j’étais vidée physiquement. On se pose des questions dans ce cas, je vous assure ! Mais j’ai compris que j’étais peut-être trop sous pression, trop dans la démonstration. J’ai décidé de laisser vivre Susanne. C’est une belle victoire sur moi ! Oui, elle résume bien ce que nous venons de dire : c’est mon travail donc je veux donner le maximum ; mais il faut aussi veiller, ici comme toujours, à ne pas oublier qu’on chante. C’est une question de balance. C’est délicat mais c’est vraiment amusant !

 

Propos recueillis par Benoît Berger

(1) Classica, avril 2007, p. 41.

www.sophiekarthauser.com

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Infos sur l’œuvre

Détails

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Se réinventer ou mourir : l’opéra face à son destin

Actualité

Saison 2023-24 : les programmes

Les programmes 2023-24 des principales institutions lyriques de France, d’Europe et au-delà
Actualité

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview