Elle tourne dans toute la France – à Bordeaux du 26 au 30 mars – avec Le Voyage à Reims dans lequel elle interprète Corinna, une poétesse évaporée. Ce rôle, elle l’aborde avec une certaine aisance vocale. Elle ? C’est Gabrielle Philiponet, un soprano récompensée en 2008 au concours international Reine Elisabeth. Rencontre avec un petit bout de femme, qui a bien l’intention de faire parler d’elle.
Votre agenda affiche complet les deux prochaines années. Pensez-vous que votre prix Reine Elisabeth y soit pour quelque chose ?
Il y a un avant et un après le prix Reine Elisabeth, cela est indéniable ! Ce prix m’a apporté beaucoup de contacts, beaucoup de propositions dont quelques-unes que j’ai dû refuser à cause du Voyage à Reims. Par exemple, Gilda à Liège ou Ginevra d’Ariodante en Allemagne… Aujourd’hui je ne sais pas vraiment quelle est la part du Voyage à Reims et celle du concours Reine Elisabeth, les deux étant arrivés presque en même temps… Quoi qu’il en soit ces deux événements ont permis que les choses avancent. Ce spectacle m’a ouvert les portes de douze maisons d’Opéra en France et pas des moindres. C’est important et formidable pour ma carrière et mon avenir. En 2011 je chanterai Susanna à l’Opéra de Nancy.
Qu’est ce qui vous intéresse dans le rôle de Corinna ?
Il est intéressant parce qu’il y a un aspect très comique dans le personnage. Le côté très sérieux de la poétesse, qui au bout du compte en devient complètement ridicule. C’est très drôle à traiter. Au-delà de ça, l’écriture est idéale pour la voix étant donné qu’elle est pré bellinienne. J’aime vraiment ce genre et il me correspond parfaitement. Le Bel Canto, la ligne bellinienne, c’est un régal ! Je me sens très à l’aise. Au départ j’avais choisi ce rôle avec mon professeur étant donné que c’était celui qui m’allait le mieux. A l’époque je m’étais dit : oh la la, Corinna est quand même le premier rôle, y a t-il une chance que l’on me sélectionne… Et puis en même temps pour me présenter à ce concours, je devais choisir un personnage qui me corresponde. C’est bien tombé ! Pour l’instant aucun rôle vraiment bellinien ne m’a été confié. Mais plus ça va et plus mon type de voix s’oriente vraiment vers ce genre de personnage. C’est un répertoire qui est vraiment le mien.
Cet été, vous avez pris une décision concernant votre voix. Laquelle ?
J’ai d’abord été considérée comme soprano léger. Mais depuis quelque temps, ma voix commence à prendre un peu de maturité et je ne suis plus vraiment sur un répertoire léger. Cet été, j’ai décidé de ne plus aborder ce type de rôle. Cela n’est plus pour moi. En fait c’est l’écriture qui n’est plus pour moi. Maintenant je me tourne vers un répertoire un peu plus lyrique, mais en conservant les contres notes que j’ai depuis que j’ai commencé. Du coup j’aborde un répertoire lyrique léger voir lyrique colorature selon le lieu.
Lors de vos récitals, vous avez souvent un pianiste attitré, pourquoi ?
En l’occurrence Philippe Riga avec qui je fais pratiquement tous mes récitals. Cela permet de moins répéter, de moins me fatiguer parce que souvent lorsque j’arrive sur un récital, je sors de production et je n’ai pas toujours l’énergie ni le temps de répéter. Et puis je lui fais une confiance absolue. Nous nous sommes rencontrés à la chapelle musicale Reine Elisabeth où j’ai fait mes études. Philippe est quelqu’un qui me connaît par cœur. Un battement de cils, et nous nous comprenons immédiatement. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Avec lui, je peux parler de confort intégral.
Le répertoire que vous aimez le plus et celui que vous aimez le moins ?
Par goût je suis moins attirée par la musique baroque et le contemporain. J’en ai déjà fait et si l’on m’en proposait, j’accepterais cependant car c’est toujours un travail intéressant. J’aime aussi Mozart. Mais pour moi l’opéra romantique prime et j’affectionne particulièrement ce répertoire. Massenet, Gounod pour ce qui est français. Sans oublier tous les grands compositeurs italiens et allemands.
Propos recueillis par Raphaëlle Duroselle
© Raphaëlle Duroselle