Forum Opéra

War Requiem

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
13 février 2014
Requiem New Age

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Benjamin BRITTEN

War Requiem
Texte de Wilfred Owen

Soprano
Anna Netrebko
Ténor
Ian Bostridge
Baryton
Thomas Hampson

Orchestre, Chœur et Voix Blanches de l’Académie Sainte-Cécile
Direction musicale
Antonio Pappano

Enregistré en juin 2013 à Rome – 1 CD Warner – 80’05’’

 

Cela fait un bout de temps maintenant que l’Eglise répugne à commander à des grands compositeurs des œuvres liturgiques ambitieuses, préférant confier à d’obscurs gribouilleurs le soin de la fournir en chansonnettes livides. Résultat, on ne sait même plus où Dieu se cache dans les messes et Requiem nés de génération spontanée sous la plume des plus grands — Verdi, bien sûr, mais aussi Dvorak, Penderecki, Schnittke, et tant d’autres. On me dira : si le diable se cache dans les détails, Dieu se cache dans la généralité — et peut-être en effet la simple ampleur de ces œuvres de Requiem est-elle vouée à faire surgir la Transcendance.
 

Dans le cas de Britten, on se retrouve justement face à cette ambiguïté terrible : Britten fait dialoguer le texte latin du requiem avec les poèmes amers de Wilfred Owen, le tout pour évoquer l’écrasement d’une ville et la reconsécration d’une cathédrale. Plus rien n’est pur, tout est mêlé, une tache noircit l’Esprit, la Foi cependant demeure, etc. etc.

Pour l’auditeur, il suffit de se laisser gagner par la musique, mais pour les interprètes, il semble difficile de faire l’économie du ton juste à trouver entre liturgie simple, lyrisme laïc, drame mystique ou fable humaine. Antonio Pappano, lui, a clairement fait son choix : nous sommes dans le grand geste lyrique et le War Requiem est une œuvre de réconciliation qui emporte sur son passage l’amertume et le deuil, pour faire triompher le souffle qui unit tout, la couleur qui reparaît.

De là un élan certain dans cette interprétation. La générosité du chef italo-britannique abrase les amertumes et fait monter la fièvre lyrique : la musique l’emporte ; le malheur s’efface derrière le grand unisson des voix et des timbres ; plus rien ni grince ni crie, tout chante.

C’est là une vision sympathique et même plaisante. Convaincante aussi. La belle voix d’Anna Netrebko (une Russe, comme Vichnevskaïa) se fond dans cette esthétique comme une boule de vanille sur le chocolat chaud, Ian Bostridge fait tous ses efforts pour animer son organe serré et il y parvient sans trop nous faire de peine, enfin Thomas Hampson offre aux vers d’Owen la tranquille supériorité de son accent américain et de son chant de charme.

Dans ce War Requiem, Dieu ne se cache nulle part : c’est l’humanité qui prend sa place, avec toute la conviction d’une lecture presque inconsciemment (ou pas) New Age. Le vrai malheur, là-dedans, c’est qu’au moment même où était publié cette version spirituellement correcte, Decca ressortait (en mode balle dans le pied) la version superbement remastérisée de ce même War Requiem dirigée par Britten, avec Fischer-Dieskau, Pears et Vichnevskaïa : et là, on sent passer l’ombre de la mort, on frémit touché par l’aile de l’Espérance, et partout, partout, on patauge dans l’angoisse et l’amertume la plus dense et humide qui soient. Pas très New Age.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Maris Janssons remettait lui aussi l’œuvre sur le métier et sortait chez BR Klassik une version hantée, funèbre, d’une modernité totale et cependant trouée, on pourrait même dire détrempée, d’inquiétude et de terreur.

Bref, cette version d’Antonio Pappano qui aurait pu servir d’oasis à notre époque épuisée semble déjà un peu effacée par de plus authentiques métaphysiciens.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
0825646397433_600

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Benjamin BRITTEN

War Requiem
Texte de Wilfred Owen

Soprano
Anna Netrebko
Ténor
Ian Bostridge
Baryton
Thomas Hampson

Orchestre, Chœur et Voix Blanches de l’Académie Sainte-Cécile
Direction musicale
Antonio Pappano

Enregistré en juin 2013 à Rome – 1 CD Warner – 80’05’’

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD