Le Concerto Köln n’a pas le temps de conclure sa partie qu’il est totalement couvert par les applaudissements d’un public en délire, tapant frénétiquement du pied. Ce qui n’arrive quasiment jamais dans le répertoire baroque se produit pour le plus grand plaisir de l’auditoire qui exulte à nouveau : Franco Fagioli revient, sans figurants cette fois, et reprend « Vo solcando un mar ». Pas mal pour une partition qui, il y a moins de deux ans, sommeillait encore dans les oubliettes de l’Histoire ! Cet air, l’un des plus populaires du XVIIIe siècle, semble bien parti pour devenir également un tube du XXIe, pour peu que des chanteurs possèdent les moyens de leurs ambitions et osent s’exposer à la comparaison avec le virtuose argentin. La troisième et dernière représentation de l’Artaserse de Vinci programmé par l’Opéra de Versailles fut également saluée ce dimanche par une standing ovation et couronnée d’un nouveau bis, Diego Fasolis joignant sa voix à celle des chanteurs et dirigeant l’orchestre depuis la scène dans le chœur final. Cette reprise du spectacle créé à l’Opéra de Lorraine bénéficiait d’audaces nouvelles (tempi, cadences et ornementations) et d’un changement de distribution bienvenu dans le rôle-titre. Si Philippe Jaroussky demeure unique et inégalé dans le cantabile, Vince Yi affiche de tout autres ressources et un abattage incomparable dans la bravoure. [Bernard Schreuders]