L’Orchestre national de Lille annonce la diffusion ce soir, mercredi 5 mai à 20h, de Thamos, Roi d’Egypte, dans l’Audito 2.0, sa salle de concert virtuelle. Le metteur en scène Damien Chardonnet-Darmaillacq propose une relecture très contemporaine de l’œuvre. L’orchestre et le Choeur de chambre de Namur seront dirigés par David Reiland. François Lis interprètera le rôle de Thamos et Clara Hédouin celui de Saïs. Le spectacle sera disponible un mois après sa mise en ligne.
Thamos, Roi d’Egypte
Musique de scène pour un drame historique de Wolfgang Amadeus Mozart d’après un récit de Tobias Philipp von Gebler
Le metteur en scène Damien Chardonnet-Darmaillacq propose une relecture très contemporaine de l’œuvre. Il ré-écrit l’histoire et invite à la relire à l’aune de la parole de Saïs, personnage central qu’on n’entend pourtant pas dans le récit alors qu’elle est la clé de voûte sur laquelle repose toute l’intrigue. A partir de la dramaturgie puissante de l’œuvre de Mozart, cette création scénique révèle avec force l’éclatante métamorphose d’une jeune femme.
Retrouver son interview dans l’Audito 2.0 https://cutt.ly/BbcvAqr
Argument :
Ramsès, qui a usurpé le trône du roi Ménès, est mort. Thamos est destiné à lui succéder. Ménès, que l’on croit mort est revenu sous les habits du grand-prêtre Sethos. Sa fille, que l’on croit
également morte, vit sous le nom de Saïs, vierge du Soleil, sous l’autorité de Mirza, la grande prêtresse. Elle est amoureuse de Thamos. Phéron, confident malhonnête de Thamos, désir accéder au trône. Il manigance avec Mirza pour épouser Sais, héritière légitime du trône. Leur intrigue tourne court quand Sethos révèle sa véritable identité. Il accorde sa fille et avec elle son trône à Thamos qu’il estime noble de coeur et d’âme.
En 1773, le baron Tobias Philipp von Gebler, futur grand-maître d’une loge franc-maçonne viennoise, commande à Mozart, une musique pour accompagner son « drame héroïque » Thamos, Roi d’Égypte. Le compositeur met toutefois, plusieurs années à composer la version finale de cette musique de scène, dans le style de l’opéra italien mais chanté en allemand.
La lutte entre ombre et lumière, entre ténèbres et renaissance inspire Mozart pour ce Thamos, Roi d’Egypte. Le jeune compositeur, alors à peine âgé 18 ans écrit une partition pleine d’ardeur et de force dramatique, alternance éclatante et subtile de chœurs et d’orchestration. Entre chassés-croisés amoureux, complots politiques, revers et révélations, la musique épouse les battements du récit Dans une lettre à son père, il qualifie d’ailleurs son travail de « musique dont il est le plus fier ».
Mais c’est avec La Flûte enchantée, composé plus de vingt ans plus tard, en 1791, que Thamos, Roi d’Égypte comporte le plus de similitudes. La fascination de l’Égypte ancienne bien sûr mais aussi les symboles maçonniques, la raison triomphant de l’obscurantisme. Les personnages également sont en germe dans l’œuvre de jeunesse, le combat entre les forces du soleil et celles de la nuit, d’où renaissent, transfigurés, un grand prêtre magnanime, une fille enlevée, un prince remarquable et une femme exaltée. La reine Mirza ressemble à la Reine de la nuit, le grand prêtre Sethos a des points communs avec Sarastro, Saïs annonce Pamina et épouse le jeune prince initié Thamos-Tamino. Dans Thamos cependant aucun contrepoint comique, contrairement au couple Papageno-Papagena.
La préfiguration la plus flagrante est celle autour du personnage de Sethos. En effet, lorsque Mozart remanie Thamos, notamment en 1779, il reprend la ligne d’ensemble, mais donne à la figure patriarcale du grand prêtre, plus de sagesse et de bonté. Sethos est d’ailleurs le seul rôle nommé dans la partition mozartienne, préfigurant clairement Sarastro dans La Flûte enchantée
Comme dans La Flûte enchantée à venir, l’amour vainc tout.
Les personnages et l’intrigue sont donc très proches de La Flûte enchantée, qu’ils annoncent, et il est frappant de constater que chacune de ces deux œuvres se situe aux deux extrémités de la vie du compositeur, montrant combien la culture maçonnique était profondément ancrée en lui.