Précision et sobriété ont présidé à la soirée de dimanche 15 décembre à la Chapelle de la Trinité à Lyon, où l’on donnait une version de concert de Didon et Énée d’Henry Purcell, précédée par des extraits d’une autre œuvre du compositeur britannique, Neptune’s Mask, sur un texte du poète John Dryden d’après Shakespeare. Cette première partie, d’une grande richesse instrumentale et vocale, fait alterner le chœur des Néréides et Tritons avec les interventions saisissantes d’Éole, de Neptune et d’Amphitrite. Sous la baguette de Jean Tubéry, l’ensemble La Fenice propose un sage enchantement, éloge de la mesure et du bon goût, y compris dans les figuralismes de la partition suggérant la dimension fantastique de cette trame mythologique. C’est aussi dans un esprit de grande simplicité que la soprano Dagmar Saskova prête ensuite à Didon sa voix aux inflexions subtiles et émouvantes, mais en évitant tout excès de passion, tout comme la Belinda très maîtrisée de Deborah York. Même les sorcières (Emmanuelle Halimi et Adèle Carlier) veillent à ne pas briser par des réjouissances trop sonores l’équilibre vocal d’un ensemble où se distingue, à côté du baryton Fabrice Hayoz incarnant un Énée plus présent que souvent, la Magicienne interprétée avec talent par le contre-ténor Christophe Baska. Il ressort de cette soirée un sentiment de délicate lumière, que le chef n’a pas voulu occulter par un bis, malgré les rappels insistants du public. [Fabrice Malkani]