L’orchestre allemand Concerto Köln et la cantatrice catalane Nuria Rial avaient emprunté le 16 août les routes sinueuses du massif des Bauges pour donner dans l’église d’Arith, petit village savoyard situé à une vingtaine de kilomètres d’Aix-les-Bains, un concert de musique baroque. Devant un public nombreux composé en grande partie de connaisseurs, le premier concerto grosso de l’opus 6 de Haendel donne d’emblée la mesure de la virtuosité des musiciens, que confirme ensuite l’exécution brillante des concertos brandebourgeois n° 4 et 5 de Jean-Sébastien Bach. Précision, rigueur, sens du détail et des respirations, mais également palette de nuances et beauté des timbres concourent au succès d’une soirée pendant laquelle on voit aussi les solistes devenir manutentionnaires pour déplacer le clavecin selon les besoins des œuvres interprétées. Sous les voûtes de l’édifice, de grandes dimensions pour cette petite commune, la voix chaude de la soprano Nuria Rial s’élève sensuelle dans la cantate profane de Bach BWV 202, « Weichet nur, betrübte Schatten » (« Disparaissez, ombres attristées »). On ne peut qu’admirer l’aisance et l’expressivité avec lesquelles la cantatrice enchaîne les airs et les récitatifs, regardant à peine sa partition qu’elle maîtrise de manière souveraine. Intonation et gestuelle tirent la cantate vers l’opéra. Le Salve Regina de Pergolèse se prête lui aussi à l’expression lyrique des affects, la dimension contemplative n’excluant ici en aucune façon l’émotion la plus profonde. Mais c’est dans le bis – un air d’opéra, cette fois –, le « Ah spietato » de l’Amadis de Gaule de Haendel, superbement accompagnée par le hautbois solo, que Nuria Rial donne toute la mesure de son art. À quand un récital composé entièrement d’airs de Haendel ?
Dans le cadre du 15e Festival Musique et Nature en Bauges, du 10 juillet au 23 août 2013. Renseignements sur le site du festival