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On sait que Rabelais, médecin à l’Hôtel-Dieu de Lyon, notait au début de son Gargantua : « Mieulx est de ris que de larmes escripre ». Pour le Concert de l’Hostel Dieu, dirigé par Franck-Emmanuel Comte, le rire est aussi un remède à bien des maux s’il s’accompagne de musique. Aussi ressuscite-t-il le temps de deux représentations le genre et l’esprit de la comédie-ballet avec des textes de Molière adaptés par le comédien Jacques Chambon pour cette coproduction. Le contre-ténor Paulin Bündgen, le ténor Hugo Peraldo et le baryton Antoine Saint-Espes rivalisent de talent vocal et scénique dans ces airs enlevés, avec une diction soignée qui permet un parfait équilibre entre le lyrisme et l’humour. Ces trois tessitures complémentaires, aux timbres plaisants qui résonnent dans la salle Sainte-Hélène de Lyon, sont accompagnées par Luc Gaugler à la viole, Pierre Bats au basson et aux flûtes, Etienne Galletier au théorbe et à la guitare baroque. Les violons de François Costa et Claire Létoré participent aussi par leurs mimiques et par leur jeu à l’amusement du divertissement, sans rien céder sur le plan de la technique. Pour réunir et relier entre eux les extraits des textes de Molière et des compositions de Jean-Baptiste Lully (L’Amour médecin, Le Médecin malgré lui) et de Marc-Antoine Charpentier (Le Malade imaginaire, Le Mariage forcé), Franck-Emmanuel Comte et Jacques Chambon ont imaginé un argument à la fois nouveau et ancien, intitulé Le médecin imaginaire, qui se conclut par l’intervention du Chœur de chambre du Concert de l’Hostel Dieu dans l’adaptation hilarante du troisième intermède du Malade imaginaire. Excellent remède en temps de froidure ! [Fabrice Malkani]