Il Corsaro, I Due Foscari, Marino Faliero, Parisina : ce ne sont là que quelques-uns des opéras inspirés aux compositeurs par la production poétique de Lord Byron. A quoi on peut ajouter des poèmes symphoniques comme Mazeppa ou Harold en Italie. Et puis il y Manfred. Pas seulement la symphonie conçue en 1885 par Tchaïkovski, mais aussi et surtout cette œuvre étrange de Schumann dont on ne connaît en général que l’ouverture, mais à laquelle s’ajoute une quinzaine d’autres morceaux, dont dix recourent à la technique du mélodrame. En réalité, Schumann avait lu dès 1829 le poème dramatique publié en 1817 par Byron, et aussitôt après avoir composé Genoveva, son unique opéra, il s’attaqua à Manfred, imaginant entre 1848 et 1851 une musique de scène pour en accompagner les représentations. Très inspiré par ce texte, il acheva en une journée la musique de l’acte I. Et même si Nietzsche devait plus tard considérer que le Manfred de Schumann était un terrible malentendu, la critique s’accorde pour saluer la réussite de ce « poème dramatique en musique ». Remercions donc l’Opéra-Comique d’avoir voulu tenter l’expérience de porter à la scène cette œuvre atypique, expérience à laquelle bien peu se sont risqués jusqu’ici. [Laurent Bury]
Robert Schumann : Manfred – 9, 11, 12, 14, 15 décembre – Opéra Comique (plus d’informations)Manfred, par Ford Madox Brown © DR
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