Dans un courrier adressé aux musiciens de l’orchestre, l’ETO a annoncé à 14 musiciens blancs, âgés de 44 à 66 ans, qu’ils ne seraient pas réengagés la saison prochaine afin de faire place à des instrumentistes issus de la diversité. Quoique tous en statut de « freelance », les musiciens concernés jouaient dans l’orchestre depuis de longues années, parfois depuis 20 ans.
Fondé en 1979, l’English Touring Opera s’est donné pour mission d’amener un art lyrique de qualité dans des zones géographiques où il serait sinon inaccessible aux populations, au travers de représentations mais aussi d’actions éducatives. Ses spectacles touchent environ 50.000 spectateurs chaque année. Proposant des tarifs peu élevés (de £10 à £40 lors de son passage au Hackney Empire à Londres, situé dans un « borough » à forte diversité ethnique), la compagnie bénéficie des subventions du Arts Council England (près de 2 millions de livres par an) et de divers sponsors, avec un statut d’institution caritative.
Dans une lettre aux musiciens que s’est procuré le Daily Mail, James Conway, directeur de l’institution depuis 17 ans et blanc depuis bien avant cette date, explique : « Comme vous le savez, la compagnie a engagé comme nouveau directeur musical Gerry Cornelius (NDLR : de parents irlandais et srilankais). Gerry sera conseiller en matière d’engagement des musiciens d’orchestre freelance, comme on peut s’y attendre. Il est en charge, avec Phil Turbett (NDLR : blanc, 60 ans) de mettre en place un orchestre moderne (…). L’English Touring Opera s’est engagé à accroitre la diversité dans ses équipes et, bien qu’il y ait des avancées appréciables sur la scène, nous avons priorisé l’augmentation de la diversité dans l’orchestre. Ce choix est en ligne avec les directives du Arts Council, principal financier de l’ETO (…). J’apprécie beaucoup l’engagement et la réussite des musiciens freelance qui ont atteint un très haut niveau de qualité sous mon mandat (…). Je reconnais aussi que ces 18 derniers mois ont été particulièrement difficiles pour les artistes freelance et les techniciens. Je sais qu’il y a peu de chance que vous trouviez beaucoup de gratitude dans ce message, mais je vous assure que je suis vraiment reconnaissant de tout ce que vous avez apporté à l’ETO jusqu’à présent ».
L’Arts Concil a démenti avoir exigé des licenciements dans l’orchestre. Si la diversité, qui ne peut être que défendue, doit s’installer avec une telle fulgurance, gageons que le management blanc de l’ETO laissera également sa place.