Après les représentations parisiennes le mois dernier du Retour d’Ulysse dans sa patrie, on était impatient de voir comment l’ouvrage avait mûri, de connaître l’accueil d’un autre public, cosmopolite puisque Suisses et Allemands s’étaient joints aux Bourguignons. Passé le moment de surprise d’une mise en scène inventive mais toujours respectueuse de l’ouvrage, l’adhésion est acquise. Gravité, émotion, sourire et bouffonnerie, toute la palette expressive, musicale et dramatique, est mise à contribution pour renouveler l’intérêt de façon constante. Avec des contrastes bien ménagés, des tempi justes, Emmanuelle Haïm impose une dynamique exemplaire. Les choix d’orchestration sont bienvenus, les textures allégées, même si les articulations et les phrasés demeurent parfois en deçà de nos attentes.
De la distribution, ce n’est pas tant l’Ulysse de Rolando Villazón que l’on retiendra, même s’il ne démérite pas, que la Pénélope de Magdalena Kožená, au sommet de son art, ainsi que les autres protagonistes, tous excellents, qu’il faudrait citer individuellement.
Touchant et jubilatoire, captivant, riche et efficace, voilà un spectacle qu’aucun auditeur ne sera prêt d’oublier : la récompense du bonheur partagé par un public ravi est manifeste.