Plus de trente ans après l’aboutissement de son combat pour l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter a fait salle comble à l’Opéra de Lyon, mercredi 23 janvier, pour le discours – passionnant et émouvant – qu’il a prononcé sur Victor Hugo et la justice, à l’invitation du directeur Serge Dorny. L’ancien garde des sceaux n’est pas seulement un « Hugolâtre », comme il l’a réaffirmé, mais aussi un grand amateur d’art lyrique, et l’auteur du livret de l’opéra Claude (d’après Claude Gueux), qui sera créé le 27 mars à Lyon, fruit d’un travail étroit avec le compositeur Thierry Escaich, dans une mise en scène d’Olivier Py*. Dans le cadre du festival Justice/Injustice, du 27 mars au 15 avril, l’Opéra de Lyon propose, autour de Claude, Fidelio de Beethoven, Il Prigioniero de Dallapiccola et Erwartung de Schoenberg. Pour Robert Badinter librettiste, Claude doit incarner « la justice saisie par l’opéra ». Aussi a-t-il consulté les archives pour étudier lui-même le dossier de Claude Gueux, dévoilant certains aspects passés sous silence par Hugo, comme l’amour qui liait Claude et Albin, un co-détenu. La dimension tragique et la cruauté de l’histoire en sortent redoublées. Ce mercredi soir à Lyon, Robert Badinter a aussi dit sa joie de réaliser enfin le rêve ancien qui était le sien de pouvoir un jour se trouver sur une scène d’opéra. Chanteur, il serait néanmoins un baryton si l’on en croit les quelques notes qu’il a esquissées et la référence qu’il a faite à Leporello. [Fabrice Malkani]
* Contrairement à ce qui avait été annoncé (et repris dans nos spots de la saison 2012/2013), ce n’est pas le baryton Henk Neven qui incarnera le rôle titre aux côtés du sopraniste Fabrice di Falco, mais Jean-Sébastien Bou, tandis que le directeur de la prison de Clairvaux sera interprété par Jean-Philippe Lafont.