C’est une Renée Doria enthousiaste qui s’exprimait samedi soir dernier à l’entracte du concert de Juan-Diego Florez au Théâtre des Champs-Elysées. La célèbre artiste française, immense Lakmé des années 50 (pour ne citer que le plus célèbre des 125 rôles qu’elle avait à son répertoire*) n’a pas tari pas d’éloges sur le ténor péruvien dont elle continue à suivre le parcours. « Sa voix a gagné en largeur et je le crois mûr pour aborder Guillaume Tell. C’est un rôle qu’il peut chanter sans problème et sans forcer ses moyens naturels ». Le verrait-elle en Raoul de Nangis (dont il interprétait la « Blanche hermine » en première partie) ? Celle qui fut aussi l’interprète de Marguerite de Valois acquiesce : « C’est un rôle magnifique, mais hélas, c’est un ouvrage qu’on ne donne plus ». Fernand de La Favorite ? « Il en a la légèreté ». Célèbre pour sa technique hors pair qui lui permettait d’enchainer sans fatigue apparente une soirée à Favart et une autre le lendemain à Garnier, la soprano apprécie en connaisseur l’art de Juan Diego : « son aigu est précis et projeté comme une balle de fusil ! ». Un enthousiasme partagé par l’ensemble des spectateurs qui ont fait un triomphe à ce magnifique concert. Compte-rendu de la soirée et interview de Renée Doria à suivre dans les jours et semaines à venir. [Jean-Michel Pennetier]
*Rappelons que les enregistrements de Renée Doria ont largement été réédités par Malibran Musique.