Star incontestée des planches de l’Opéra de Paris, Karine Deshayes est aussi accueillie chaleureusement quand elle se produit à l’auditorium du Musée d’Orsay. Le 18 avril dernier, c’est vers l’exotisme que nous embarquait la mezzo française : le « Boléro » de Gounod, « Les Filles de Cadix » de Délibes et la Shéhérazade ravélienne, dès la première partie de soirée, emmènent dans un ailleurs indéfini mais irrésistible. Après l’entracte, Duparc (« Invitation au voyage » en suspens, magistrale) et Debussy (Trois chansons de Bilitis parfaitement oniriques) approfondissent cette trajectoire, avant que Rossini, à travers « Nizza » et « En medica a mis colores », nous offre un épilogue méditerranéen plein de vie et d’humour. Très en voix, puissante mais prompte à nuancer, à évoquer plutôt qu’à souligner, à sous-entendre plutôt qu’à exhiber, Karine Deshayes a pour elle le merveilleux soutien du piano de Philippe Cassard. Le duo, avant de s’éclipser, offre encore une Rosina et une Carmen à un public conquis : vite, qu’ils rentrent de voyage ! [Clément Taillia]