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Un jour, une création : 30 janvier 1813, fatigue zygomatique ?

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30 janvier 2023

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C’est à Venise, au Teatro San Moisè aujourd’hui disparu, que Rossini avait débuté sa carrière lyrique en 1810, à 18 ans à peine. S’il se fait connaître de Ferrare à Milan ou de Bologne à Rome durant les deux années qui suivent, c’est toujours Venise qui demeure son lieu fétiche. Rien qu’en 1812, il y a livré trois farces dont le public vénitien est très friand : L’Inganno felice, La Scala di seta et L’Occasione fa il ladro. Tout en composant trois autres partitions par ailleurs. 


Le plafond du théâtre San Moisè

 

Pour L’Occasione, il rentre à peine de Milan et déjà l’impresario du San Moisè lui réclame une autre bouffonnerie pour le début de l’année suivante sur un livret de… Foppa (ça ne s’invente pas), qui ne brille pas par son invention, Il Signor Bruschino ossia il figlio per azzardo. 

Foppa tire son argument d’une pièce créée à Paris quelques années plus tôt, Le Fils par hasard ou Ruse et folie de Chazet et Ourry. 

Florville (ténor) aime Sofia (soprano), mais comme d’habitude, le tuteur de la jeune femme, Don Gaudenzio (basse), ne veut pas en entendre parler (ça vous étonne, n’est-ce-pas?). Il veut plutôt la marier à un certain Bruschino, un meilleur parti, que personne n’a jamais vu. Déprimé, Florville va à l’auberge où le tenancier Filiberto (basse), qui le prend pour le secrétaire de Gaudenzio, lui raconte qu’un certain Bruschino a accumulé tant de dettes dans son auberge sans pouvoir les honorer (et c’est supposé être un bon parti !) que Filiberto l’a enfermé jusqu’à ce qu’il soit payé. Florville flaire le bon coup, se fait passer pour un cousin de Bruschino et se fait remettre la lettre par laquelle ce dernier appelle son riche père au secours. Comme vous êtes perspicaces, vous avez deviné que Florville peut ainsi aisément se faire passer pour Bruschino. Et comment ? En prétendant qu’il est le fils caché du vieux Bruschino. Mais au moment où il joue cette comédie devant Gaudenzio, ce dernier débarque et refuse évidemment de reconnaître son faux fils. Rien n’y fait, même les soi-disant preuves avancées par Florville, si bien que Gaudenzio finit par penser que Bruschino cherche à rompre l’engagement. Filiberto survient, réclame son dû au faux « cousin Bruschino », que Sofia s’empresse de vouloir épouser à la place du fils, toujours enfermé et qu’elle ne connaît pas. Bruschino père apprend par magie que Florville est un fils caché, certes, mais du pire adversaire de Gaudenzio et se fait donc un plaisir de reconnaître finalement Florville comme son fils. Filiberto ramène le vrai, mais il est trop tard pour Gaudenzio : il ne peut plus se renier et doit accepter le mariage de Florville et Sofia.

 

Quell'usignolo
Luigi Raffanelli, créateur du rôle-titre

Vous n’avez pas tout compris ? Le public vénitien non plus ! La création de cette « farsa giocosa » en un acte voici juste 210 ans est un four, et elle retirée de l’affiche à peine quelques jours plus tard. Cela tombe finalement bien pour Rossini, car Cera lui a commandé aussi un drame d’un tout autre calibre, qui sera le véritable propulseur du jeune compositeur : Tancredi, qui va être créé quelques jours plus tard. Les Vénitiens en avaient-ils donc assez de rigoler ?

Mais cela, c’est une autre histoire, à suivre sur ForumOpera ! En attendant, voici un trio en forme de clou de la partition du Signor Bruschino dont ne nous est restée que la célèbre ouverture.

 

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